Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

jeudi 17 juillet 2008

Chapitre 8: La plus belle victoire

Au Championnat du Monde, les classements sont les suivants avant le Grand Prix Molson du Canada :

1. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
2.
M.Schumacher All Benetton Renault Elf 19 pts 1v.
3. G.Berger Aut Ferrari 14 pts 1v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault Elf 14 pts
5.
M.Brundle Gbr Williams Renault Elf 11 pts 1v.
6. S.Nakajima Jap Toyota 10 pts 1v.
7. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts
8.
R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 6 pts
et D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 6 pts
et M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes Benz 6 pts
11.
E.Comas Fra Larrousse Peugeot 4 pts
12.
E.Irvine Irl Jordan Peugeot 2 pts
et A.De Cesaris Ita March Mazda 2 pts
et H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec 2 pts
et M.Blundell Gbr McLaren Mercedes Benz 2 pts
16.
O.Panis Fra Ligier Mugen Honda 1 pt
et J.Herbert Gbr Benetton Renault Elf 1 pt

Quel classement serré, à l'image de ce début de championnat du monde, dans lequel aucun pilote n'a pu remporter deux courses. Au classement des constructeurs, l'hommage persistant à Noda est lui aussi flagrant :
1. Toyota Formula One 30 pts 2v.
2. Williams Renault Elf 25 pts 1v.
3. Ferrari Spa 24 pts 1v.
4. Benetton Renault Elf 20 pts 1v.
5. McLaren Mercedes Benz 8 pts
et Jordan Peugeot 8 pts
7. Ligier Mugen Honda 7 pts
8.
Larrousse Peugeot 4 pts
9. Sauber Ford Zetec 2 pts
et March Mazda 2 pts

Mais là non plus, rien n'est joué. Quatre écuries semblent se détacher, mais les surprises afflûent en ce début de saison mouvementé.

Nous voilà au Grand Prix du Canada avec deux écuries en moins : Simtek Lola et Toyota. Les dirigeants japonais ont indiqué que le team reviendra après avoir trouvé un remplaçant à Noda. Ainsi, l'épreuve ingrate (j'insiste) des préqualifications n'est plus nécessaires et deux épreuves de qualifications vont départager les trente courreurs en laissant quatre d'entre eux à l'écart. Pour l'écurie March, renouer avec les points était nécessaire et John Watson se félicite de la performance d'Andrea De Cesaris et encourage le jeune Inoue. Le retour sur le continent américain coïncide avec celui du soleil et donc celui d'Inoue, que le français Gounon avait honorablement remplacé. Chez Ferrari, on se remémore la victoire historique de Jean Alesi et sa voiture n°27 l'an passé et on souhaite au moins pareil au fougueux "french tornado". Mais, Jean a la tête ailleurs. Sa fiancée est enceinte et Jean est soucieux de devenir papa. Effectivement, le jolie mannequin qu'il a rencontré au Japon va lui offrir un fils, son premier.

Samedi matin, 10h. Les essais de la veille ont vu le Champion du Monde en titre, Michael Schumacher devancer Berger, Brundle, Hill et Irvine. Alesi n'a pris que la sixième place, 2 millièmes devant le britannique Herbert. Aujourd'hui, les places vont se jouer, et chez McLaren, on compte bien rattrapper les mauvais résultats de la veille. Après les essais libres, c'est encore l'allemand qui domine tout son monde, mais devant Hill, Berger, Hakkinen et Alesi. Les surprenantes Mazda prennent le 11e et 12e places. Mais l'après-midi, les choses sérieuses vont commencer et c'est là que tout devra être au point. Pour l'instant, Jean Alési est au téléphone avec les médecins américains qui s'occupent de sa fiancée à New York. Les autres membres de la Scuderia s'affairent à donner aux deux pilotes la meilleure chance de revenir au Championnat du Monde. Et tout s'enchaîne lentement...

Dimanche, pendant le warm-up, le même Alesi sort de la route. Pendant ce temps, Berger réalise le meilleur temps devant Hill et Schumacher. Les Toyota ne marqueront pas de points ce soir, et c'est bien dommage, car elles avaient parfaitement troublé les autres marques par leurs présences. Les quatre pilotes qui ne se sont pas qualifiés font parti de quatre écuries différentes. Warwick (Pacific), Badoer (Minardi), Morbidelli (Arrows) et Katayama (Tyrrell) confirment les faiblesses des moteurs Ford Cosworth et Yamaha. Mais les deux fournisseurs ont annoncé un nouveau moteur pour la mi-saison, tout le monde est impatient. Il est maintenant 14h. Parcourrons la grille de départ:
1.Schumacher (intraitable ici), 2.Hill (en regain de forme), 3.Berger (Bonne condition pour la Ferrari), 4.Hakkinen (... et pour la Mclaren), 5.Barrichello (de retour ?), 6.Brundle (à l'attaque), 7.Alesi (soucieux), 8.Coulthard (explosif), 9.Irvine (pareil), 10.De Cesaris (la surprise !), 11.Herbert (la déception), 12.Blundell (que de problèmes), 13.Lagorce, 14.Frentzen, 15.Dalmas, 16.Salo, 17.Panis, 18.Inoue, 19.Comas, 20.Brabham, 21.Martini, 22.Helary, 23.Lehto, 24.Zanardi, 25.Moreno, 26.Gachot.

Et c'est parti pour la sixième manche du Championnat. Excellent départ de Berger, qui n'hésite pas à taquiner Schumacher. Mais au freinage, c'est l'accrochage entre Inoue et Brabham, contraints à l'abandon. Rapidement, en tête, six voitures creusent l'écart. Parmi les leaders, on compte Schumacher, Berger, Hill, Hakkinen, Brundle et... Jean Alesi ! Le pauvre Barrichello s'étant fait arracher sa moustache a dû retourner au stand. Les six voitures sont en 11 secondes. Une grande lutte s'annonce. Et Berger continue son harcèlement sur le Champion du Monde, et Hill ne peut faire mieux que de scruter le spectacle. Les spectateurs sont ravis de voir une Ferrari rivaliser avec le moteur français, qui semble d'ailleurs toujours aussi dominateur. Derrière les six larons, Coulthard, Irvine et De Cesaris se livrent à une bataille de toute beauté, sans peur et sans reproche. Ils se doublent et se redoublent à tour de rôle, si bien que toutes les combinaisons y passent: Coulthard-Irvine-De Cesaris, Coulthard-De Cesaris-Irvine, De Cesaris-Coulthard-Irvine, De Cesaris-Irvine-Coulthard etc.

Au 29e tour, les premiers arrêts aux stands sanctionnent Brundle (Williams) et Frentzen (Sauber), ils perdent plus de 35" pour le premier et près de 2 minutes pour le second. Entre-temps, Comas abandonne sur panne électrique, Blundell sur coupure du moteur et Salo sur pneu crevé. Berger, pendant un instant en tête du Grand Prix, cède deux places et laisse partir Schumacher et Hill pour une explication entre Champion et Vice-champion du Monde. Mais le britannique va pousser la mécanique trop fort et le moteur champion du Monde casse. Le même sort frappe Coulthard, les coéquipiers de l'an passé se retrouvent par le hasard. Au 36e tour, alors qu'Alesi, quatrième, tourne en 1'31"6 et Schumacher, premier, en 1'30"0, on passe un panneau un peu spécial au pilote français. "Jean - Jr 3kg4, OK - GO !". Les larmes du français coulent, il a compris qu'il devient père du petit Jean Junior. Maintenant, le français est libéré et libère effectivement toute sa fougue. Deux tours après ce panneau magnifique proposé par Niki Lauda et Jean Todt, Alesi revient sur Berger. Il tourne maintenant en 1'29"7. L'accumulation de la gomme sur la piste contraint de nombreuses écuries à rappeler leurs voitures pour un nouveau changement.

Nous sommes dans le 48e tour du circuit. Jean Alesi sort des stands en 3e position, Berger vient d'abandonner sur sortie de route, la même sanction qui a frappé Zanardi, Herbert et Brundle. Schumacher a beaucoup ralenti son rythme. Hakkinen le suit à 7" et Alesi à 16". Derrière eux, on trouve Frentzen, Barrichello, Irvine et De Cesaris. Mais l'avignonnais bat le record du tours au 50e, 51e et 53e tour. Le français est fou de joie et les sensations qu'il éprouve à 32 ans sont des plus belles qu'un pilote puisse ressentir. A chaque tour, son écart avec le finlandais diminue: 8"5, 7"1, 5"6, 4"0, 3"2... Alesi passe la McLaren dans la ligne droite des stands sur la ligne de départ lors du 57e tour. Devant Schumacher a 9 secondes d'avance. Mais Alesi se surpasse, les supporters de Ferrari ont compris, ils sont debout à chaque passage du français, seule Ferrari en course. Personne n'a oublié le numéro 27 de Gilles Villeneuve. Jean Alesi en est la réincarnation. Il mord les virages, rattrape sa voiture, réaccélère à fond, freine au dernier moment, dans les stands, on est inquiet au sujet de sa consommation, mais Jean n'entend plus rien.

Au 61e tour, à 8 tours de la fin, son panneau lui indique +2"9, mais l'avignonnais se doute que son réservoir se vide. Schumacher reste prudent, il assure une bonne allure, mais perd régulièrement 4 dixièmes sur la Ferrari. Hakkinen est loin maintenant, Barrichello et Frentzen aussi. Irvine lutte pour la sixième place avec De Cesaris, mais l'italien ralentit brusquement, pour problèmes de boîte de vitesses. A 3 tours de la fin, l'écart entre les deux pilotes de têtes est encore de 1"8, les deux assaillants ont ralenti. Jean Todt est très fier du français, qui pour l'instant est un peu en retrait au Championnat du Monde. Alain Prost, dans la tribune de presse, est le parrain du petit Jean Junior, et est très étonné de voir son ami lutté les manches relevées, un tel jour de sa vie. Il déclare même :"Aujourd'hui, Jean est notre Champion du Monde !", et c'est vrai que la télévision retrace fantastiquement la bataille entre Michael et Jean. Et les tours défilent...

Devant leurs téléviseurs, beaucoup de spectateurs sont rivés dans leur fauteuil, on voit une Ferrari aller plus vite qu'une Benetton ! Dans le dernier tour, Alesi est toujours 2e. Schumacher, constamment agressé, se défend comme un beau diable. Les supporters scandent le nom du français. Les drapeaux Ferrari s'agitent, Schumacher se sent seul, même si son coéquipier est juste devant lui. Dans la nouvelle chicane, Herbert s'écarte et laisse passer les deux champions. Une grande accélération sur 400m, un bon freinage et Schumacher remportera la course. Mais Alesi a ré accélérer très brutalement et enfin entre en aspiration derrière la Benetton, il déboîte au freinage. Schumacher, bon joueur, ne se rabat pas et laisse passer le français à 200m de l'arrivée. Au sortir de la chicane, c'est une ambiance d'extase qui emporte la foule, Jean Alesi remporte son troisième Grand Prix. Il salue les supporters de toutes les ailes, les plus fous d'entre eux le rejoignent sur la piste. Sa voiture tombe en panne de carburant, Alesi est porté en triomphe jusqu'aux stands. De telles images sont si rares en sport, que la noblesse de cet événement restera dans tous les coeurs. Au téléphone, Jean parlera à sa fiancée doublement heureuse. Après un podium inoubliable, le français rejoindra sa compagne pour fêter ces événements en famille. Mais, Jean n'oubliait pas Fangio et Noda, à qui il rendait hommage à la conférence de presse.

1. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts
2.
M.Schumacher All Benetton Renault à 1" 6 pts
3.
M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 18" 4 pts
4.
R.Barrichello Bré Jordan Peugeot à 50" 3 pts
5.
H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec à 53" 2 pts
6.
E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 55" 1 pt

De Cesaris, Panis, Lagorce et Dalmas complètent les dix premières places. C'était le plus beau jour de la vie de Jean Alesi ! Il effectue ainsi une superbe remontée au classement du Championnat :

1. M.Schumacher All Benetton Renault 25 pts 1v.
2. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v.
et J.Alesi Fra Ferrari 20 pts 1v.
4. G.Berger Aut Ferrari 14 pts 1v.
5. D.Hill Gbr Williams Renault 14 pts
6.
M.Brundle Gbr Williams Renault 11 pts 1v.
7. S.Nakajima Jap Toyota 10 pts 1v.
8. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 10 pts
Etc.

Toujours personne à 2 victoires, une première depuis des dizaines d'années ! Au classement des constructeurs, la Scuderia remet les choses au clair :

1. Scuderia Ferrari Spa 34 pts 2v.
2. Toyota Formula One 30 pts 2v.
3. Benetton Renault Elf 26 pts 1v.
4. Williams Renault Elf 25 pts 1v.
5. Jordan Peugeot 12 pts
et McLaren Mercedes Benz 12 pts
Etc.

Le groupe Renault Elf est pour la première fois depuis quelques années éclipsé par Ferrari et Toyota ! Mais Faure n'est pas inquiet, il compte des pilotes de talent.

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