Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

lundi 7 juillet 2008

Chapitre 4: L'antre de la Scuderia

Encore du soleil pour la première épreuve européenne. Mais cette fois la température est beaucoup plus supportable, bien que nous soyons au coeur de l'Italie en ce 29 avril. En effet, les préqualifications ont été placées le jeudi et le vendredi matin à 11h. Avant ces deux séances, les écuries concernées bénéficient de 45 minutes à partir de 9h pour utiliser le circuit. Les fanatiques de la Scuderia ont envahi les gradins, non pas pour voir leurs idoles, mais par passion pour la compétition automobile. Les Toyota ont naturellement été écartées de cet ingrat obstacle à franchir pour pouvoir rivaliser avec les grands. Le team Simtek Lola n'a pas encore eu la chance de participer à une épreuve cette saison, alors que l'an passé, leurs deux voitures ont roulé partout, en dehors du Canada.
Quatre éliminés en "préqualif" et quatre en "qualif", telle est la décision des organisateurs. Il semble que ce mode soit le moins mauvais, sachant qu'au-delà de 26 voitures aussi puissantes, le danger devient trop important au cours du Grand Prix. Suivons un peu la "galère" de Jos Verstappen et Michele Alboretto, les pilotes Simtek. Le batave et l'italien ont plus ou moins prouvé leur talent, seulement un budget limité, une voiture vieillissante et la saison s'annonce mal...

A 11h, Jos et Michele s'élancent parmi les premiers pour se "préqualifier". Le sentiment d'un pilote à ce moment est assez délicat. Il s'agit d'être concentré et agressif, nerveux mais pas trop, rapide mais pas fou... Malgré le jeune âge du hollandais, son expérience est déjà un atout pour lui; ayant évolué chez Benetton lors du premier sacre de Schumacher, il avait très bien suppléé Lehto en petite forme. Quant à Michele, on ne le présente plus, de plus il évolue à domicile et compte bien se qualifier pour participer à la course sur un circuit d'Imola qu'il connaît bien. Les deux Simtek ont pris une coloration totalement violette cette année.
A 11h20, Comas (Larrousse) devance Dalmas (Venturi), devant Lagorce (Venturi) et De Cesaris (March). Nos deux amis sont 10e et 11e, seul Gachot (Pacific) fait moins bien. Ce dernier a subi une panne électronique dans son deuxième tour et a dû laisser sa voiture sur le bas-côté. Chez les violets, Nick Wirth, manager général est inquiet. Les moteurs Peugeot sont inaccessibles, mais Forti et Pacific semblent au même niveau. Petit à petit, les choses se décantent et Jos réalise un fantastique exploit en prenant la 5e place, sur les douze voitures en compétition. Michele galère en 10e position.
A 11h40, les Larrousse, Venturi et March sont hors de portée. Jos est septième, Michele neuvième, la plus mauvaise place. Nick pense que pour son vétéran italien les événements ne sont pas favorables, d'autant que le pilote de la Simtek Lola numéro 12 casse son moteur à 13 minutes de la fin de séance. Le classement n'évoluera heureusement plus pour lui, le vent s'étant levé sur San Marino. 6 pilotes lutteront donc pour deux places, la bataille promet d'être chaude.

Vendredi, 30 avril. Les mécaniciens britanniques de Simtek ont cravaché toute la nuit pour que Michele et Jos puissent atteindre la séance de 13h. Malheureusement, la session libre du matin, commune avec les équipes plus performantes, ne permet pas un travail clair, le trafic y est trop important. A 11h, nos deux combattants sont prêts pour la lutte finale et fratricide s'il le faut ! Dalmas et Comas luttent pour la première des douze places, alors que six voitures sont dans un mouchoir pour les deux dernières places qualificatives. Jos ne parvient pas à bonifier son temps de la veille, pourtant dans d'excellentes conditions. Michele semblait serein dans le stand, mais son premier tour chronométré ne présage rien de fantastique. Le moteur Cosworth ronronne à Tamburello, quand Michele fait preuve de tout son courage pour réaliser le meilleur temps possible. Au bout de son tour, le verdict :1'26"878, 2 centièmes de mieux que la veille.

Et la séance avance. Les pas de danses des monstres de taules se font de plus en plus réguliers, lorsque à la mi-séance, Lagorce et Verstappen s'accrochent et propulsent leurs Formule 1 dans les pneus. Indemnes, ils partent chacun de leur côté, le casque à la main. Heureusement, Jos semble "préqualifié", puisque les 2 Pacific montrent des faiblesses conséquentes. Mais le problème pour Nick reste Michele. Ce dernier vient de quitter le stand pour le rush de la dernière chance, il lui reste cinq tours. Les deux premiers ne donnent rien. Le troisième s'effectue au ralenti. Il reste encore une douzaine de minutes, quand sortant de la dernière chicane, Michele prend l'intérieur et peine sur une cinquantaine de mètre à soixante à l'heure. Derrière lui, Dalmas, toujours à la lutte pour l'honneur avec Comas, sort en trombe. Soudain, Michele réaccélère et le vrombissement du Cosworth envahit les oreilles de l'assistance. La Venturi s'apprête à le passer, mais la Simtek est en plein effort. "Mais que ce passe-t-il semble demander les yeux des supporters ?", alors que Nick s'exclame : "Bien joué, Michele". Effectivement, l'italien prend la roue de la Venturi. Celle-ci l'emmène jusqu'au bout de l'épingle à cheveux. Ensuite le bolide jaune et bleu prend ses distances, mais Alboretto n'est pas loin.
Le baroud d'honneur de notre ami transalpin va se concrétiser par une perte d'une seconde trois quarts sur le français, mais Michele réalise tout de même un superbe 1'26"201 et bat Jos de plus de 15 centièmes. Nos deux champions ont réussi leur pari. Mais pas entièrement ! Maintenant il va falloir se qualifier pour la course, et la lutte semble désespérer puisqu'ils n'ont réalisé que le 7e et le 8e temps ! C'est la routine pour les pilotes des petites écuries.

Ainsi Gachot et Warwick (Pacific), et Zanardi et Moreno (Forti) peuvent rentrer à la maison, tous déçus de ne pas pouvoir participer à ce fantastique rendez-vous que constitue le fabuleux Grand Prix de Saint Marin. Les ingénieurs se penchent tous sur les mesures effectuées, ils ont moins d'une heure pour corriger ce qui ne va pas et améliorer ce que l'on peut. Cette fois, tout le monde va aller sur la piste, les retards pour gêne sont assurés, pour les petites comme les grandes écuries. Les Ferrari ont été préparées avec attention, Jean et Gerhard sont à Imola pour gagner, de même que l'an passé. Quant au moteur Renault, il est toujours représenté par Williams et Benetton, les teams qui devraient se disputer le titre, à moins que... Chez Toyota, on est prêt à recommencer l'exploit de Buenos-Aires. Noda et Nakajima ont promis de récidiver.
La séance des essais chronométrés va commencer. Nick Wirth est tendu, ainsi que ses pilotes, Jean Todt est confiant. Le premier à se lancer est Lehto. Chez Sauber, on est un peu déçu des performances du finlandais, mais ce dernier veut montrer tout ce qu'il sait faire dans la lignée des pilotes nordiques. Cette séance s'avérera plus ou moins classique par les résultats. Devant les Benetton, Ferrari et autres Toyota dominent, derrière les Minardi, March et Simtek tremblent. En fin de séance, alors qu'il n'est que 5e, Berger joue sa dernière carte. L'autrichien a trois minutes pour améliorer ses 1'23"300. Comme d'habitude, la célèbre tactique du vétéran paye, il bénéficie d'un tour clair et prend la pole position devant Schumacher en 1'22"212. Hill et Alesi composent la 2e ligne et Noda et Hakkinen la 3e.
Le pilote autrichien de la Scuderia a de nombreux supporters à Saint-Marin, l'Autriche est à 200 km de là. Lauda, qui connaît bien Berger et Ferrari, se félicite publiquement des 4 dixièmes séparant son compatriote du Champion du Monde. Du côté de chez Toyota, on est très discret, il est vrai que la 9e position de Nakajima est préoccupante pour l'équipe japonaise. Toutefois, on ne s'alarme pas trop, tout le monde aura sa seconde chance demain, même Verstappen bon dernier !

Samedi, 1er mai. Les tribunes et les gradins sont archi combles, c'est la fête du travail. Dès onze heure, les bolides tournent sur le tracé du circuit Enzo Ferrari. Les Simtek souffrent, Verstappen n'améliore que très peu son temps et pointe à la 28e place. Pour Alboretto, c'est un peu mieux: 25e temps. En fait, le circuit semble un peu moins rapide aujourd'hui. Une petite majorité de pilotes ne pourra améliorer les performances de la veille. David Brabham, le pilote de l'Arrows Footwork n°9, est rapidement victime d'une violente sortie de route. Il s'en sort avec quelques contusions et une entorse à la cheville. Pourtant sa voiture est en mille morceaux, il ne pourra participer au Grand Prix de demain. Pour Verstappen et Martini, le résultat est le même. Grosse déception chez Larrousse, l'inexpérimenté Eric Helary, soumis à de nombreux problèmes de transmission et d'embrayage, termine 27e et dernier éliminé, laissant à Alboretto l'occasion de participer à son premier Grand Prix cette année.
En fin de séance, alors que son coéquipier garde encore la pole, Jean Alesi tente le coup effectué la veille par son camarade. Schumacher, Noda et Herbert sont devant lui, mais le français offre un spectacle inoubliable sur trois tours aux inconditionnels des voitures rouges. Son bolide frappé du mythique 27 bat trois fois de suite son temps. 1'23"451, 1'23"099 puis 1'22"565 et Jean se trouve en première ligne en réalisant un temps fantastique, malgré des pneumatiques usés. Quel pilote connaissait mieux le circuit que Berger et Alesi ? Il n'y en avait pas ce jour-là parmi les 30 voitures. La fête sera assurée toute la soirée dans l'antre des Ferrari, et l'extérieur encore plus...

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