Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

dimanche 3 août 2008

Chapitre 18: Alesi pour toujours...

Encore quatre tours interminables. L'écart entre Schumacher (3e) et Alesi (4e) est de 35 centièmes de secondes. Au passage de la ligne, nouveau record du tour pour Schumacher: 1'17"999, puis 35 centièmes de secondes plus tard les afficheurs donnent : Alesi 27 (4) 1'17"998 ! Quelle lutte au couteau ! Puis vient le freinage, Alesi freine le plus tard possible. Soudain, il voit la brèche s'ouvrir, l'allemand a freiné un peu trop tôt, Alesi s'engage, les spectateurs regardent tous sur leur gauche. Le nez de la voiture rouge arrive à la hauteur du casque du Champion du Monde, l'allemand se ressaisit, il braque et ferme la porte à Alesi. Et c'est le choc ! La roue avant droite du français percute l'aileron arrière de l'allemand. Un morceau de cet aileron se casse. Les deux voitures continuent leur show. Michael ressent immédiatement le problème au niveau de la tenue de route. Alesi s'aperçoit de la faiblesse de son adversaire et tente à plusieurs reprises le dépassement. Mais rien à faire, l'allemand est trop fort, il ferme la porte à chaque fois. On est dans la limite de la régularité...

A la sortie de cette partie sinueuse, il y a une courte ligne droite. Alesi doit passer, il monte sur les rebords usant ses pneus au maximum, reste dans l'aspiration de la Benetton et passe enfin son adversaire. Schumacher jette un bref regard, Alesi voit les yeux de son adversaires qui a tout de même l'air déterminé. Schumacher fonce dans la ligne droite dans l'aspiration d'Alesi, il fait même mine de sortir de la trajectoire, mais la Ferrari ne cède pas, elle ne cédera plus. Rapidement, les courbes successives ont raison de Schumacher qui effectue ce tour en 1'18"8, alors qu'Alesi bat encore le record pour 8 millièmes. Schumacher tente de se défendre becs et ongles... Alesi talonne Berger maintenant. Barrichello a plus de 16 secondes d'avance en tête, et sans surprise, à deux tours de la fin, Alesi passe Berger qui ne résiste pas longtemps. Les choses ont changé maintenant : Alesi serait champion du monde ! Des frissons lui traversent le dos. Il est en train de réaliser un rêve d'enfant. Sa compagne le suit des yeux à chaque passage, le petit Junior aussi ! Les français jubilent, le fou furieux s'attaque maintenant à Barrichello ! Le brésilien compte encore treize secondes d'avance, mais le français fonce et fonce encore jusqu'à ce que Todt lui ordonne de lever le pied. En effet, Jean Todt lui crie depuis une bonne minute que Schumacher vient de céder sa cinquième place à Nakajima, le japonais venu de nulle part ! In-croi-iable ! Les Australiens adorent le spectacle donné...

Les allemands se montrent moins, d'autant plus que Schumacher tente de défendre sa 6e place face à Lagorce, qui vient de doubler Hakkinen. Alesi rentre dans le dernier tour, il est effondré de fatigue mais aussi revigoré par l'intensité du moment. Lauda est débout sur les grilles, il attend Alesi... Quelle histoire ! Mais n'oublions pas Barrichello, qui arrive et remporte son premier Grand Prix devant des supporters brésiliens en liesse ! La fête sera probablement franco-brésilienne. Les secondes s'égrainent et Alesi n'est toujours pas là. Les brésiliens envahissent la piste, alors que Schumacher vient de se faire passer par Lagorce, le super talent français des prochaines années. Lauda s'inquiète, il n'arrête plus de fixer ce bout de virage par lequel devrait normalement déboucher Jean Alesi... Les caméras retrouvent l'avignonnais qui a largement décéléré, Berger le suit a 200 m à peu près. Les Ferraristes voient enfin leur idole débouché du virage, Alesi est à 300m du Championnat du Monde. Sa voiture n'a probablement plus beaucoup d'essence, Berger revient rapidement sur le français.

"Jean Alesi World Champion" affiche le panneau lumineux. Après avoir franchi la ligne d'arrivée une longueur devant son coéquipier, Alesi a arrêté sa voiture dans la foule. Les officiels le protègent. Berger accourt. Alesi est inanimé. L'effort et l'émotion le prenant, il s'est évanoui. Aidé par le grand Berger et un Niki Lauda heureux comme presque jamais il ne l'a été, Jean retrouve ses esprits. Il est ensuite porté en triomphe par une foule d'admirateurs très nombreux. Enfin, notre ami trouve la gloire tant méritée, celle-ci couronne une belle carrière commencée en trombe. C'est aussi l'aboutissement d'un caractère de combativité admirablement fort, reconnu par tous les spécialistes. Le podium sera des plus mémorables avec un Jean Alesi complètement exténué mais visiblement hautement satisfait de sa réussite. Quelle formidable saison, malheureusement endeuillée par un décès tragique, mais réellement exceptionnelle par le suspens qui s'en est toujours émané. Le classement de la course est donc tel :

1. R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 10 pts
2. J.Alesi Fra Ferrari à 16" 6 pts
3. G.Berger Aut Ferrari à 17" 4 pts
4. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 30" 3 pts
5. S.Nakajima Jap Toyota à 1'00" 2 pts
6. F.Lagorce Fra Venturi Team Peugeot à 1'13" 1 pt

Ce qui donne au classement final du Championnat du Monde des Constructeurs et des Moteurs dont ils sont munis:

1. Scuderia Ferrari 109 pts 7v. 3 pilotes
2. Benetton Renault Elf 74 pts 3v. 2 p.
3. Toyota Formula One 60 pts 3v. 3 p.
4. Williams Renault Elf 60 pts 2v. 2 p.
5. Jordan Peugeot 38 pts 1v. 2 p.
6. Ligier Mugen Honda 30 pts 2 p.
7. McLaren Mercedes Benz 25 pts 3 p.
8. Sauber Ford Zetec 8 pts 3 p.
9. Venturi Team Peugeot 5 pts 3 p.
10. Larrousse Peugeot 4 pts 2 p.
11. March Mazda 2 pts 3 p.
12. Tyrrell Yamaha 1 pt 2 p.

Et Finalement la consécration pour le nouveau Champion du Monde qu'est Jean Alesi, qui redore enfin de nouveau le blason frappé de l'étalon noir. "Viva Alesi !" . La succession de Michael Schumacher ne fut aucunement facile, et le classement au Championnat du Monde des Pilotes de cette année-là en est une véritable preuve:

Classement Final du Championnat du Monde des Pilotes de Formule 1:

1. Jean ALESI Fra Ferrari 66 pts 4v. 16GP
2. Michael Schumacher All Benetton Renault 63 pts 3v. 16GP
3. Gerhard Berger Aut Ferrari 40 pts 3v. 15GP
4. Damon Hill Gbr Williams Renault 32 pts 16GP
5. Martin Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v. 16GP
6. Nigel Mansell Gbr Toyota 23 pts 1v. 9GP
7. R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 22 pts 1v. 16GP
8. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. 7GP +
9. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 19 pts 16GP
10. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 19 pts 16GP
11. S.Nakajima Jap Toyota 17 pts 1v. 16GP
12. E.Irvine Irl Jordan Peugeot 16 pts 16GP
13. J.Herbert Gbr Benetton Renault 11 pts 16GP
et O.Panis Fra Ligier Mugen Honda 11 pts 16GP
15. H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec 8 pts 16GP
16. M.Blundell Gbr McLaren Mercedes 6 pts 15GP
17. F.Lagorce Fra Venturi Peugeot 5 pts 16GP
18. E.Comas Fra Larrousse Peugeot 4 pts 16GP
19. J.Villeneuve Can Ferrari 3 pts 1GP
20. A.De Cesaris Ita March Mazda 2 pts 15GP
21. M.Salo Fin Tyrrell Yamaha 1 pt 16GP

Difficile de se remettre d'un tel Grand Prix. Dans l'interview suivant la course, Alesi déclarera qu'il ne pensait pas pouvoir revenir après sa pénalité de 10 secondes. Mais voilà, c'est fait, un français est de nouveau Champion du Monde après que le super Alain Prost ait définitivement raccroché. Qui aurait pu dire cela en début de saison ? Mais maintenant Alesi est capable de rééditer cet exploit, et ça c'est une autre histoire, dans un autre monde...


FIN


samedi 2 août 2008

Chapitre 17: Champion du Monde ?

La fin de la saison est en point de mire. La nouvelle saison est déjà prête à recommencer, mais celle-ci est encore assez incertaine. Bien que Ferrari ait réussi son pari en remportant le titre des constructeurs, sur le plan des pilotes, rien n'est joué pour la couronne mondiale. En effet, un peu à la surprise générale, la Ferrari de Jean Alesi a lutté avec la Benetton Renault de Michael Schumacher surtout en fin de compétition. A l'avant-veille de l'épreuve fatidique d'Adelaide, toutes les écuries se retrouvent en ultime assemblée pour discuter des modifications techniques sur tous les règlements. Briatore et Ecclestone animent les débats. Faut-il ré-autoriser les ravitaillements en carburant, les avis sont très partagés, la discussion dure... Ensuite, il sera confirmé que la saison prochaine le vainqueur de la pole recevra 1 pt d'office, sachant que le vainqueur du Grand Prix aura 12 pts, et les suivants respectivement 9, 7, 5, 3, 2 et 1 pt pour le 7e. Des écuries comme Jaguar feront leurs apparitions, peut-être même avec leurs propres châssis.

Le 5 novembre, nous sommes le vendredi du Grand Prix, Jean Alesi assiste aux préqualifications, alors que Michael Schumacher est en pleine discussion avec ses ingénieurs. Le circuit d'Adelaide n'est pas le plus apprécié des pilotes mais surtout pas des pneumatiques. Il comporte une portion très sinueuse après la ligne de départ, et la pluie vient souvent se mêler aux luttes pour le championnat du Monde. Pour l'instant, le ciel est couvert, mais le vent chasse les nuages. Sur la piste, la lutte est toujours la même pour les écuries de bas de tableau, comme les appellent communément. Les premiers éliminés se nomment Diniz, Belmondo, Gachot et Verstappen. La saison se finit assez tragiquement pour l'équipe Pacific-Lotus, remise en redressement judiciaire pour difficultés économiques importantes. Keith Wiggins, le patron de l'écurie commence son calvaire...

Trois nouveaux pilotes viennent en remplacement respectif de Dalmas (Venturi), Blundell (McLaren) et Moreno (Forti), ce sont Christophe Bouchut, Jan Magnussen et Domenico Schiatarella; ce dernier ayant une petite expérience de la F1. La séance de qualification peut donc commencer, ici comme à Suzuka avec un nombre de spectateurs assez impressionnants, notamment une centaine de français venus encourager leur héros national. Une très légère bruine est passée juste avant le début de la séance, c'est pourquoi les pilotes tardent à entrer en piste. Berger et Alesi, deux des plus téméraires pilotes qu'ait connue la Formule 1, font partis des premiers à se lancer. En cours de séance, les spectateurs apprécient à sa juste valeur le pilotage très performant de l'irlandais Irvine, dont la fougue rappelle un peu celle d'Alesi. Dans les stands, on note la présence du futur champion de la Scuderia, Jacques Villeneuve, le canadien, déjà très enthousiaste de se savoir coéquipier du phénomène Alesi. Schumacher ne tarde pas non plus à s'élancer. Malheureusement pour lui, l'allemand sera rapidement victime d'une sortie de route dans une attaque contre le temps de Gerhard Berger.

Finalement, les temps restent en dessous de ceux de l'an passé, puisque le pilote de la Ferrari n°28 ne réalise que 1'17"189 contre 1'16"205 pour Hill l'année dernière et 1'16"179 pour Mansell en 1994, temps qui reste toujours le record de la piste. Alesi est troisième et Schumacher que 6e. Les moteurs Peugeot se distinguent par leur compétitivité. Et tout le monde est impatient, ce qui engendre une certaine nervosité sur le paddock, sur les dirigeants, sur les pilotes, sur les supporters...
C'est même à se demander si les mécaniques ne deviennent pas un peu nerveuses, questions que se posent Gounon, auteur du dernier temps et victime en 1 heure de 2 crevaisons, 2 soties de route et une panne de transmission. L'écurie March aura beaucoup déçu, en début de saison, certains les voyaient déjà rivaliser avec Benetton, Williams, Ferrari et Toyota.

Samedi, le 6 novembre. Il fait beau en ce matin, les essais libres sont en cours. Schumacher se repositionne juste derrière Hill et surtout devant Berger et Alesi. Mansell, Nakajima, Barrichello et Herbert réalisent de bonne performance. seulement, vers onze heures trente, le ciel s'obscurcit et la pluie menace. Le temps passe et rien ne tombe. On s'apprête à s'élancer pour la dernière session qualificative de la saison, quant le tonnerre se met à menacer très sérieusement le déroulement normal des programmes. Barrichello, Frentzen et les Ferrari sont prêts et s'élancent juste avant les premières gouttes. Chez Benetton et Williams, on est surpris et on fait mine de ne pas s'inquiéter. En réalité, Schumacher n'est ni satisfait de son moteur, ni de la conduite de l'équipe au cours de cette séance. Alesi retourne vite au stand et reprend un train de slick, mais entre-temps il commence à pleuvoir, le temps pour Barrichello de réaliser 1'16"947 et de devancer Berger incapable de battre son score de la veille. Alesi revient à toute vitesse en compagnie de Schumacher, Hakkinen, Lagorce et Magnussen, il se bat réalise un très bon tour, puis sort de la route. Il pleut de plus en plus fort. Schumacher renonce, il est 6e pour l'instant. Hill, le Vice-champion du Monde, n'est que 21e ! Le classement est totalement faussé.

Vers 13h45, l'intensité pluvieuse diminue. Nakajima et Irvine en profitent. Alesi tente un retour sur le mulet, mais rien n'à faire. Schumacher sort à 3 minutes de la fin de séance, ayant été devancé par Irvine, Brundle, Lagorce, Mansell et Nakajima. Plusieurs voitures tentent de le suivre. Les spectateurs ne comprennent plus grand-chose entre les allers et venus des voitures dans les boxes et les directeurs de course qui s'agitent. A l'issue de cette folle séance, seul le tableau du classement parle. On se rend compte que les surprise sont de tailles : 1.Barrichello, 2.Hakkinen, 3.Berger, 4.Nakajima, 5.Alesi, 6.Irvine, 7.Mansell, 8.Schumacher, 9.Brundle, 10.Lagorce, 11.Frentzen, 12.Coulthard, ... Les éliminés se nomment Katayama, Brabham, Martini et Boullion. Du côté de chez Franck Williams, on est consterné par les décevants résultats de Damon Hill, qui n'est que 16e sur la grille de départ du Grand Prix d'Australie de cette année. Les dirigeants de Renault Sport, Edgare Faure en tête, ne s'imaginnaient pas vivre une saison aussi difficile. Après avoir conquis maintes fois ce titre d'affilée, la courronne mondiale pose de grands problèmes à la Régie française. Ce samedi soir, les questions qui causent tant de tourments à tout ce monde vivent leur dernière nuit, demain, un autre jour, se dessine comme une révélation...

Dimanche, le 7 novembre. Cette histoire touche au but. Pouvait-on rêver de mieux ? Difficile de le faire... Schumacher, l'allemand de chez Benetton et Alesi, le français de chez Ferrari sont prêts pour "la bataille finale", comme le titre l'Equipe de la veille. La séance d'échauffement n'est en rien décisive pour ces deux pilotes puiqu'évidemment chacun cache son jeu... Alesi teste quelques départs arrêtés, quant à Berger il se défonce sur le circuit. Pour que Schumacher n'accède pas au titre, il faudrait que le pilote de la Ferrari 27 marque trois points de plus que son adversaire, car Alesi est titulaire d'une victoire de plus que le pilote allemand. Si, tout à fait hypothétiquement, les choses en restaient à ce quelles sont sur la grille de départ, c'est la Benetton n°1 qui abriterait le nouveau Champion du Monde, mais, si prêt du but, Ferrari n'est pas une écurie à lâcher le morceau. Pour une fois, Alesi dispose de deux ingénieurs de plus que Berger. Ceci explique peut-être la rage de l'autrichien au matin de l'épreuve. Finalement, c'est donc lui qui réalise le meilleur temps du Warm-up, étant suivi de Mansell, Irvine, Barrichello et Schumacher.

A midi, Gerhard et Jean discutent longuement dans le stand Ferrari. Les journalistes sont proscrits. Ce tête-à-tête réserve probablement un choix tactique, afin de faire ce que la Scuderia attend depuis si longtemps : un titre de Champion du Monde des Pilotes de Formule 1. Michael Schumacher s'est retiré et ne reviendra que vers 12h20. Il est avec Corinna, sa compagne qui le suit à chaque Grand Prix. Depuis que leurs chemins se sont croisés, ils ne se sont plus quittés. L'equilibre de la situation du double Champion du Monde est en partie du à cette situation particulièrement stable. Un tel retrait lui permet de faire le point au calme, de préparer les dures épreuves à travers une tranquillité inégalable. C'est peut-être la recette du succès éternel. Ce génial pilote germanique a déjà démontré qu'il fait parti des tous grands du milieu, s'il s'impose il pourrait même postuler au titre du Plus Grand des Pilotes de l'histoire avec J.M. Fangio, Alain Prost et Ayrton Senna. Telle est la pression qui plane au dessus de l'ultime épreuve du Championnat du Monde.

A 13h35, tous les pilotes sont dans leurs voitures. Les derniers préparatifs sont en cours. Le ciel est couvert, la météo prévoit probablement de la pluie. Barrichello et Hakkinen s'apprètent à s'élancer d'une première ligne tout à fait inédite. Les spectateurs s'impatientent petit à petit. Briatore annonce alors à Schumacher qu'il devrait pleuvoir entre 14h20 et 14h30 pendant au moins vingt minutes. Les voitures partent pour le tour de formation... On approche du dernier départ, celui qui verra se décerner le titre tant convoité. Les supporters de Ferrari sont bien sûr présents au rendez-vous, des milliers de drapeaux s'agitent aux passages de leurs héros, de l'autre côté, des centaines d'allemand ont fait le déplacement. Nombreux sont ceux qui ont pris parti, mais regardons plutôt ce spectacle comme les autres par un oeil neutre...

Barrichello ouvre la marche, le feu passe au vert : c'est parti ! Barrichello conserve son avance devant Hakkinen, Berger, Alesi, Nakajima, Irvine et Schumacher qui pointe son nez en septième position dès le premier tour. Il reste 80 tours. Bientôt Salo sort de la route, alors qu'il tente de résister à Hill pour la quatorzième place. Après septs tours assez monotones, Schumacher arrive dans la roue d'Irvine. Coulthard et sa Ligier rentre prématurément au box pour changer de réglages. Mansell et Frentzen sont à la dérive, quand Barrichello passe pour la deuxième fois le malheureux Schiatarella. Et les premières gouttes font leur apparition. Schumacher attaque Irvine dont le moteur se montre à la hauteur de celui de son rival. Jabouille sourit. Hélary abandonne après avoir sorti Gounon de la piste. Deux français de moins ! Il pleut sur une bonne partie du circuit, quand Barrichello puis Alesi sortent des stands. La situation se complique légèrement pendant dix minutes avec de nombreux changements volontaires ou non. Dans cette confusion, on apprend qu'une grosse fuite d'huile a provoqué la sortie de Brundle. Lagorce remonte en huitième position. Il est 14h25, le leader du Grand Prix s'appelle Nigel Mansell. Il a déjà remporté l'épreuve plusieurs fois auparavant, le vétéran n'a pourtant pas effectué de changements de pneumatiques. Nous entrons dans le trentième tour.

Soudain, Hill qui revenait sur Schumacher bat le record du tour que l'allemand détenait. Respectivement 9e et 5e, les deux pilotes n'ont pas oublié leur rivalité passée. Mais Hill attaque trop, et, en sortie de virage, le britannique perd le contrôle de sa Williams et percute sèchement la rambarde de sécurité. Sa voiture s'immobilise sur la piste. Il sort rapidement de son baquet, juste le temps pour lui de voir arriver Badoer et De Cesaris en lutte pour la 13e place et le choc est terrible. Damon court vers les grilles, alors que la route est totalement immobilisée. On agite les drapeaux rouges : interdiction de doubler ou d'effectuer des manoeuvres dangereuses et surtout ralentir. Mais entre-temps, Alesi, en troisième position, juste derrière Barrichello, est prévenu qu'il a roulé trop vite dans les stands lors de son changement : 10 secondes de pénalité ! Après que la piste soit magnifiquement dégagé par les commissaires et une grue efficace, Alesi se rue dans les stands pour accomplir sa peine. Pendant ce temps Schumacher fonce, vers le titre ? Badoer et De Cesaris s'en tirent avec quelques contusions, ouf ! Le syndrome de Noda plane encoure sur les courses...

La mi-course est passée, Herbert, Magnussen, Coulthard et Panis ont abandonné. Il pleut toujours et il reste trente huit tours à accomplir. Après son changement, Mansell a laissé la tête à la Jordan de Barrichello, suivie de très prêt par la Ferrari de Berger , l'autre Jordan d'Irvine et un Jean Alesi en pleine fureur. Les pistes humides, il connaît ! De plus, son grand rival Schumacher n'est que quatre secondes et demi derrière lui. En fait, la remontée concerne ces deux pilotes. Si les choses en restaient là, Schumacher serait Champion du Monde. C'est alors Schumacher qui remet les choses en place au tour le plus rapide en course : 1'27"003. Mais Alesi a ralenti car il va tenter le tout pour le tout. Le français rentre aux stands. Il met des pneus pour terrain sec, fait un arrêt de 13 secondes avec ravitaillement maximum et repart en trombe sans dépasser la limite des 120 kilomètres à l'heure dans les stands. Il est maintenant septième. Le classement est le suivant, au moment où la pluie redouble : 1.Barrichello, 2.Berger (6"), 3.Irvine (19"), 4.Schumacher (25"), 5.Hakkinen (35"), 6.Nakajima (47"), 7.Alesi (48"), 8.Mansell (59"), 9.Brundle (1'10"), ...

Comas, malheureux aujourd'hui sort de la route juste avant de rentrer à son boxes. Mais d'un seul coup, les panneaux de record du tour change. Le temps se calme et Alesi effectue un pilotage de rêve pour les amateurs. Il dompte sa lourde Ferrari à coup de poignée phénoménaux. Il passe successivement sous la barre des 1'27, puis sous la barre des 1'26. "Il a fait le bon choix " se dit Jean Todt figé devant son écran de contrôle. Et le français déboîte Nakajima puis revient sur Hakkinen. Alors le Champion du Monde rentre au stand. Il ressort six secondes derrière le français qui gagne dixièmes sur dixièmes vis à vis de Barrichello. Ce dernier effectue une course somptueuse de sûreté réalisant les bons choix aux bons moments. Les drapeaux brésiliens se montrent et ne se cachent plus. 1'24"905, Alesi profite de l'aspiration du finlandais qui le précède pour le dépasser. Berger, son fidèle coéquipier ne peut éviter un tête à queue, mais parvient après quelques secondes à insérer son bolide juste devant l'Irlandais volant de la deuxième Jordan. Il reste quinze tours. Schumacher tourne en 1'23"5 et Alesi en 1'22"9. Seules quatre secondes séparent les deux pilotes. Les écarts sont les suivants : 1.Barrichello, 2.Berger (17"), 3.Irvine (20"), 4.Schumacher (23"), 5.Alesi (27"), 6.Hakkinen (35"), 7.Nakajima (54"), les autres concurrents étant à 1 tour au moins du leader. Mansell casse son moteur. La piste sèche lentement.

Il reste neuf tours, Alesi est épuisé à force de se battre, les roues de Schumacher sont devant lui depuis deux tours, mais le moteur Renault est plus puissant, c'est indéniable. Les deux pilotes ont encore battus le record du tour que détient maintenant Schumacher en 1'20"689. Derrière, c'est Hakkinen qui perd pied, son moteur Mercedes montre d'étranges difficultés. Alesi crie dans son casque la douleur de ses membres secoués à chaque virage. La pression qui bouge les pilotes devient insupportables dans les derniers tours, surtout quand on est poussé par son envie de vaincre. Schumacher manie sa Benetton superbement, Alesi commence à croire qu'il va se décourager. Plus que sept tours. Tous ces efforts et l'allemand reste toujours aussi solide. Mais sous son casque, Schumacher souffre tout autant, il se demande quand ce satané pilote Ferrari va cesser de l'importuner, lui aussi est sollicité à son top niveau. Les records du tour tombe encore : 1'18"531 pour Schumacher dans le 76e tour. Les supporters allemands agitent leurs drapeaux de plus en plus fort, les français doutent... Jean ne voit pas tout cela, car il réalise un exploit incomparable. Irvine est dépassé par les deux pilotes juste avant la ligne droite des stands. Il fait chaud sous ce casque. Berger n'a pas encore atteint la partie sinueuse que déjà Schumacher puis Alesi passe devant les tribunes des stands.

Il reste quatre tours...