Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

lundi 21 juillet 2008

Chapitre 11: Hockenheimring

En la fin de ce difficile mois de juillet, la température avoisine les 35°C tous les jours sur l'Europe Occidentale. Pas un nuage dans le ciel, on transpire sans rien faire, c'est un climat insupportable pour les pilotes. Le jeudi 29 juillet, après une semaine de tests intensifs, l'écurie Ferrari se trouve à Hockenheim, en Allemagne, avec un nouveau moteur près à faire sensation dans le milieu de la F1. Dans l'autre équipe engagée par un constructeur, Toyota Formula One, Mansell a été reconduit : "On ne change pas une équipe qui gagne !". La deuxième partie de saison s'annonce effectivement encore plus passionnante qu'on pouvait le penser. Certes Schumacher a pris le large au classement du Championnat du Monde, mais beaucoup de pilotes ont joué de malchance, comme Hill, Brundle ou Berger. D'autres n'ont pu assurer une certaine fiabilité, comme Nakajima ou Frentzen, ou d'autres encore ne font que commencer, n'est-ce pas Sir Mansell ? On apprend également que l'écurie Simtek pourrait faire sa réapparition bientôt.

La journée du jeudi a été relativement calme, sachant qu'en passe de se faire éliminer, les 2 Forti doivent absolument mettre le paquet le lendemain pour pouvoir se sauver. La même menace plane sur Paul Belmondo, qui remplace le pilote britannique Warwick en fin de contrat chez Pacific Lotus. Le vendredi 30 juillet, les tribunes sont pratiquement pleines pour la séance de préqualification. Rapidement, Moreno parvient à améliorer son temps, mais Zanardi ne lâchent pas le morceau. Martini, aussi à la limite, est victime d'une sortie de route et est condamné de regarder la suite des événements. Les Tyrrell sont sauvées, les Arrows Footwork tentent de s'isoler de la même manière, mais le Ford Cosworth n'est toujours pas à la hauteur. En fin de séance, le brésilien Moreno se qualifie, laissant Belmondo (Pacific), Zanardi (Forti) et Martini (Minardi) derrière lui. Mais la journée est encore longue et les 20 milles spectateurs du jour le savent bien. A 13h, sous un soleil brûlant la peau, les premières voitures s'élancent pour la première session qualificative au Grand Prix d'Allemagne. Aux essais libres, comme prévu, les Ferrari semblent en super forme. Alesi a devancé Schumacher, Berger, Brundle, Herbert, Hill et Frentzen. Les Toyota qui ont très peu tourné se contentent des 8e et 9e place devant les deux McLaren.

C'est justement Blundell qui prend la tête du classement dans les premiers tours. Il est dépossédé par Dalmas au bout de douze minutes. Enfin, Berger sort des box, il prend la première place. Mais Nakajima vient le battre, suivi de l'autre Toyota pilotée par Mansell. Au bout de 25 minutes, Mansell devance Schumacher, Berger et Alesi. Mais l'anglais a déjà épuisé son stock de tours et Alesi part à l'attaque : 1'43"585, excellent chrono du français ! Il n'est pas battu au cours de la séance, Schumacher parvient quand même à s'en approcher à 2 dixièmes. Tout le monde s'émerveille des grands résultats de la voiture italienne, mais pas John Barnard, qui avait fièrement annoncé la couleur. Le Ferrari F1-96b JB est une réussite. Le français et l'allemand occupent les deux premières places sur la grille fictive du moment, ils précèdent Mansell, Berger, Hill et Blundell. Le pilote japonais, Inoue, qui dispute son dernier Grand Prix, est en 26e position, devant Moreno, Gachot et Badoer.

Samedi, le 31 juillet, il fait 32°C pour les essais libres. Les Ferrari sont en tête, les Toyota, Williams et Benetton se partagent les six places suivantes, mais très proches des McLaren et même des Sauber. Dans les gradins sous le soleil, de nombreux malaises frappent les spectateurs, la température montent encore. Les spécialistes de la météo sont formels, l'anticyclone situé au dessus de l'Europe de l'Ouest n'est pas près de s'en aller. Dimanche devrait même voir un record de température établi. Il n'y a pas de vent, la pression est très élevé, on parle de 1030 hPa. Le GPDA, sigle pour Grand Prix Drivers Association, qui regroupent tous les pilotes de Grand Prix représentés par Niki Lauda et Gerhard Berger, propose de diminuer le nombre de tours de course de 45 tours à 40 tours. Une majorité de pilotes est d'accord, voyant qu'en seulement une séance, ils terminent épuisés. A 12h40 et 36°C à l'ombre, les organisateurs sont informés de la proposition du GPDA en les personnes de Niki Lauda, Gerhard Berger et Michael Schumacher. Vingt minutes plus tard, la séance de qualifications est entamée, sans qu'on sache ce que se mijote chez les responsables à ce sujet.

C'est ainsi que, par une température dépassant les 50°C au soleil, les professionnels s'élancent pour améliorer leurs performances de la veille. Rapidement, Hakkinen prend la tête à la surprise générale. Alesi et Schumacher réagissent, en ayant pour but les 1'43"495 du finlandais. Mais le moteur Mercedes, à domicile, se montre très compétitif. Blundell passe en quatrième position, alors que Hill ne fait pas un tour avant de rentrer. Berger bat Schumacher, Herbert ne parvient pas à améliorer. Ron Dennis exulte, enfin une nouvelle pole ? La course continue, et Frentzen vient placer sa Sauber en quatrième ligne. Puis Schumacher passe devant les stands en trombe, le verdict : 1'43"472 ! Hakkinen ne partira pas en pole, malgré un retour très offensif sur le circuit. Mansell termine la séance sans battre son temps, alors que Nakajima prend la sixième place sur la grille de départ. A l'ultime minute de la fin, Jean Alesi réalise l'exploit de la journée, malgré une chaleur indescriptible (40°C à l'ombre), il vient battre Schumacher sur le fil en 1'43"427 ! Quelle grille serrée ! Le classement final est donc le suivant : 1.Alesi, 2.Schumacher, 3.Hakkinen, 4.Hill, 5.Berger, 6.Nakajima, 7.Frentzen, 8.Brundle, 9.Mansell, 10.Blundell,... et éliminés : Badoer (Minardi), Inoue (March) et Brabham (Arrows).

Vers 15h, le directeur de course, qui avait envisagé de déplacer la course de 14h à 15h, annonce les mesures suivantes : La course sera lancée à 14h15 et durera 40 tours à moins qu'au bout d'1h30 on n'ait pas encore atteint cette limite, auquel cas le drapeau à damiers sera présenté, quel que soit le nombre de tour accompli. Les obligations des télévisions n'étant pas compatibles avec de plus amples changements, le GPDA accepte le programme sous réserve. Les mécaniciens ont une fois de plus beaucoup de travail au cours de la nuit, et ce pour éviter le pire à leurs pilotes. Ils se couchent vers 2 ou 3h du matin, pour se lever très tôt, aux alentours de 6h30.

Le 1er août est là, les tribunes sont pleines. La séance d'échauffement s'est terminée avec Schumacher en tête. Le public germaniques est survolté. On s'avance peut-être vers le troisième titre d'affilée de l'allemand. Mais les Ferrari redressent la tête, et Alesi et sa pole position sont prêts à venir contrecarrer les plans du Champion du Monde en titre. Il est 14h15, les voitures attendent le feu vert. La pression est d'autant plus forte qu'il fait très très lourd. Une température avoisinant les 35°C, fait couler beaucoup de sueur sous les casques des pilotes. C'est vert ! Les Ferrari, Benetton, McLaren et consorts s'arrachent de l'asphalte brûlant et collant sous les pneus. Tout le monde a prévu au moins deux changements ! Avant la première chicane, Mansell pointe en 5e position. Alesi est devant Schumacher mais l'allemand ne compte pas se faire distancer. Un gros accrochage en queue de grille voit les abandons successifs de Katayama (Tyrrell), Dalmas (Venturi), Morbidelli (Arrows) et Lehto (Sauber). Les spectateurs vibrent avec les moteurs !

Panis et Coulthard remontent eux aussi le classement : 14e et 16e au départ, ils sont 12e et 13e au bout du premier tour et 10e et 12e après le 4e. Le meilleur tour est rapidement détenu par Schumacher et sa Benetton n°1. Alesi et sa Ferrari se battent comme des jeunes loups, mais l'allemand est de plus en plus pressant, il démontre ainsi que les opérations de pression effectuée par Renault pour le garder étaient nécessaires en automne et en hiver. Berger, Hill et Hakkinen constituent le groupe de chasse à une huitaine de secondes déjà. Juste avant les premiers ravitaillements, Coulthard et Blundell sont victimes de problèmes électroniques et contraints à l'abandon. Berger passe Hakkinen et prend la troisième position, alors que le finlandais s'apprête à rentrer dans les stands. Les changements se font assez longs, et quelques modifications s'opèrent au classement, qui devient le suivant au bout de 35 minutes de course : 1.Alesi, 2.Schumacher, 3.Berger, 4.Hakkinen, 5.Hill, 6.Mansell, 7.Herbert, 8.Nakajima, 9.Brundle... ce dernier, victime d'une sortie de route en compagnie de Frentzen, abandonne avec l'allemand des Sauber. Au bout de 50 minutes de course et avant les deuxième changements de pneumatiques, après les arrêts définitifs de Gachot et Moreno, il reste 16 voitures sur le circuit.

Le soleil est implacable. Beaucoup de pilotes se demandent s'ils parviendront à accomplir encore 15 tours. Le vieux Mansell souffre au volant de sa Toyota et, au moment du changement de pneus, il sort de sa voiture et abandonne la tête basse en déclarant ne pouvant prendre plus de risques sous une telle chaleur. "J'ai des enfants, moi !" S'exclame-t-il aux journalistes britanniques. Comas et De Cesaris en font de même par la suite. Il reste maintenant 16 minutes à tenir, ou 9 tours à accomplir. Le meilleur tour de Schumacher n'a pas été battu, les pilotes se refusent de prendre trop de risques et Niki Lauda et d'accord avec la démarche convenu au comité exécutif du GPDA. Mais depuis quelques instants, il est difficile pour Niki de réfléchir ! Son compatriote Berger est en tête du Grand Prix. Tous les autrichiens qui ont passé les Alpes sont en délire. La Ferrari d'Alesi, dont le moteur a lâché lors du 31e tour, est garée dans la chicane avant l'entrée des box. Berger a bénéficié de la confusion des changements pour passer son ami Schumacher. Ils sont précédés de Hill, Hakkinen, Herbert et Nakajima. Mais les casses moteurs s'enchaînent les unes après les autres, les abandons se multiplient. Barrichello, puis Hakkinen en font les frais. Enfin, Hill est victime d'une erreur en voulant dépasser Helary, sa sortie est fatale. A 3 tours de la fin, les 9 voitures restantes se classent ainsi : 1.Berger, 2.Schumacher, 3.Herbert, 4.Nakajima, 5.Panis, 6.Irvine, 7.Salo, 8.Lagorce et 9.Helary.

Dans leurs combinaisons, les pilotes se déshydratent beaucoup, c'est pourquoi, depuis bien longtemps, un bidon d'eau est relié au casque par un tuyau élastique. Aujourd'hui, les bidons ont été bien souvent changés par des bidons frais lors des arrêts aux stands. Un dernier moteur casse dans l'avant dernier tour, c'est le Mugen Honda de Panis, qui n'était qu'à un tour des leaders. La chaleur de cet été voit donc une nouvelle victoire de Berger après celle d'Imola, et le nouveau moteur n'a pas démérité !

1. G.Berger Aut Ferrari 10 pts (Hockenheim)
2. M.Schumacher All Benetton Renault à 8" 6 pts
3. J.Herbert Gbr Benetton Renault à 41" 4 pts
4.
S.Nakajima Jap Toyota à 45" 3 pts
5. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 1 tour 2 pts
6. M.Salo Fin Tyrrell Yamaha à 2 tours 1 pt

Bon résultat pour Salo, qui marque son premier point en compétition. Au classement général, Schumacher n'est pas du tout freiné dans sa course, et les espoirs de voir certains de ses adversaires lui passer devant ont été vains, ici à Hockenheim.

1. M.Schumacher All Benetton Renault 51 pts 3v.
2. G.Berger Aut Ferrari 26 pts 2v.
3. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
et J.Alesi Fra Ferrari 20 pts 1v.
5. D.Hill Gbr Williams Renault 20 pts
6.
M.Brundle Gbr Williams Renault 15 pts 1v.
et S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
Etc.

Le titre devrait inéluctablement revenir à un des six pilotes que voilà (Noda ayant malheureusement disparu), mais Schumacher ne l'a pas encore perdu; la preuve : Le total de ses deux poursuivants est inférieur au sien en points.

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