Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

mardi 29 juillet 2008

Chapitre 15: Allez France !

Enfin !
Tout le paddock se retrouve enfin de nouveau en Afrique du Sud pour préparer le Grand Prix de Kyalami. Les premières chaleurs d'octobre se font sensiblement sentir, mais le climat est beaucoup plus supportable qu'en France ou en Italie en plein mois de juillet. La comparaison est de toute façon impossible, puisque le printemps ne fait que commencer en ce 7 octobre. En effet, ce jeudi, toutes les écuries ne possédant pas de points se présentent pour la séance de préqualification. Un nouveau pilote a trouvé un volant : Le français Jean-Christophe Boullion, pilote essayeur chez Williams, mais qui retrouve son volant de l'an dernier chez Sauber. La performance de Lehto, jugée trop faible, a amené Peter Sauber à prendre une telle décision. Le jeune français avait marqué sa présence par une bonne adaptation chez les noirs et rouges, et surtout une excellente résistance en course, sans pour autant créer de grande sensation. C'est donc la carte de la sécurité que joue l'écurie suisse sur le plateau d'Afrique du Sud.

A l'issue de la première séance, la seule impression générale qui se manifeste chez les spécialistes est la confirmation des mauvais résultats des Pacific Lotus. Gachot et Belmondo occupent les derniers rangs. Ils sont précédés de Moreno (Forti), Martini (Minardi), Brabham (Arrows Footwork), Zanardi (Forti), Alboretto (Simtek Lola), Morbidelli (Arrows Footwork), Badoer (Minardi) et Verstappen (Simtek Lola) dans l'ordre inverse de leurs temps. Pendant ce temps, les équipes n'ayant pas à participer à ce spectacle "tragique" se préparent pour les essais du lendemain. Parmi eux, Jean-Christophe Boullion est optimiste, il connaît un peu la voiture, et beaucoup l'environnement Sauber. De plus, Frentzen et Boullion sont de bons amis depuis l'an dernier et ceci contribue généralement à l'accumulation de bons résultats. Le soutien de tous est un phénomène nécessaire à de bons résultats, après il faut ajouter un moteur compétitif, très compétitif ! Le Ford Zetec ne paraît pourtant pas en mesure de s'imposer face au Renault, Ferrari ou même Peugeot ou Toyota.

Vendredi, le 8 octobre, les préqualifications donnent l'occasion à Morbidelli de devancer tout son monde, Badoer, Verstappen, Alboretto, Brabham, Zanardi, Martini, Moreno, Belmondo et Gachot. Les quatre derniers sont éliminés et ne peuvent participer aux essais qualificatifs. L'après-midi, au cours des essais chronométrés, Hill devance Schumacher et Mansell. Alesi suit à la quatrième position, dominant Berger, Brundle, Irvine, Nakajima, Hakkinen, Coulthard, Frentzen, Barrichello et Boullion. Le duel Hill-Schumacher reprend le dessus des actualités. C'était le cas des deux dernières années, depuis l'accident de Senna sur sa Williams Renault. Sans cette disparition, la F1 compterait un autre pilote dans la course au titre, quelle que soit la voiture sur laquelle il évolue. Ainsi, les journalistes spéculent plus sur un retour de Hill au premier plan (sans qu'il l'ait vraiment quitté) que sur un cavalier seul de Schumacher ou même d'une rivalité à trois ou quatre (avec Alesi, Mansell ou Brundle...).

Clairement le moteur Renault reste le meilleur. Peugeot et Mercedes ont encore un peu de mal, Toyota et Ferrari s'accrochent. Mais le talent de certains pilotes est, là aussi, confirmé. Schumacher est un super champion. Les jeunes Coulthard, Barrichello, Irvine et Hakkinen seront les dignes successeurs des Berger, Brundle, Herbert et autre Alesi... Certains français méritent également le détour, tels Panis, Lagorce ou Boullion. Avec l'expérience et de meilleures voitures encore, la preuve en sera faite. Ainsi, samedi matin, tout présage pour une belle lutte entre tous les pilotes de valeurs, beaucoup auront leur chance, peu la saisiront. Et effectivement, les qualifications furent de toute beauté. D'abord, les écuries en difficulté se battent pour participer à la course. De cette façon, Verstappen, Alboretto, Brabham, Morbidelli, Gounon, Badoer, Zanardi et d'autres entament leur bataille de plein pied. Les problèmes mécaniques ne l'épargnant pas de la journée, c'est Morbidelli sur son Arrows Footwork, qui fait le 30e et dernier temps, finalement battu par tout le monde et n'ayant effectué que 4 tours le samedi. Devant lui, Zanardi (Forti Corse), Alboretto et Verstappen (Simtek Lola) complètent la liste des pilotes malheureux. Premier qualifié, Ukyo Katayama a effectué un excellent début de séance, mais, rapidement le japonais a déchanté. Il est précédé de Helary, Gounon, Brabham, Badoer, Comas et Salo, en remontant la grille de départ. On trouve ensuite la March de De Cesaris, le pilote italien ayant effectué une sortie de route très spectaculaire.

Sur la neuvième ligne, on trouve Dalmas et Blundell. Sur la 8e, Herbert devance Frentzen. Sur la 7e, Panis a pris le dessus sur Boullion. Sur la 6e, Nakajima domine Lagorce. Sur la 5e, Coulthard n'a pu suivre Barrichello. En quatrième ligne, Hakkinen et Berger se partagent la piste. A la sixième place, on trouve l'excellent Brundle, a trois dixièmes de Mansell, en 5e place. Quatrième, Schumacher a à peine amélioré son temps de la veille. En tête sur la deuxième ligne, le détonant Irvine s'est qualifié pour la première fois à cette position. Devant, sur la première ligne, Alesi s'est emparé de la pole promise à Damon Hill lors de son dernier tour chronométré. Le français accède ainsi à une place qu'il n'avait pas occupée depuis longtemps. C'est l'homme que tout le monde regarde, celui sur les épaules duquel la pression est la plus forte. Il devance le pilote de la Williams de seulement 13 millièmes ! Quoi qu'on en dise, cet écart est exceptionnel. "Kyalami, à nous deux !" s'écrie alors le pilote aveyronnais.

Dimanche, le 10 octobre, le soleil est présent malgré un léger voile de nuages. Les warm-ups ne confirment rien du tout. En fait, il semble que beaucoup de coureurs ont réservé cette séance à un affinement des réglages. A l'issue de l'épreuve, Brundle réalise le meilleur temps, à 3 secondes de son temps des essais. Deuxième et troisième, les Jordan occupent des places inhabituelles. Barrichello devance donc Irvine puis Mansell, Schumacher et seulement Alesi, qui affirme un peu plus tard ne pas pouvoir trouver les bons réglages et ne disposant de ce fait que d'une partie de la puissance du moteur. Hill et Coulthard sont sortis de la piste. Maintenant, le départ va être donné. Hill va-t-il reprendre son retard sur Alesi, Schumacher va-t-il se montrer, on peut poser des milliers de questions sans réponses. Ca y est, les voitures sont lancées, le spectacle est prodigieux, on distingue à peine la Ferrari prendre la tête de la course et Schumacher prendre sa roue. Hill, Irvine et Brundle constituent rapidement un groupe de chasse, complété un peu plus loin par Berger, et encore plus loin par Mansell. Nakajima est vite distancé. Frentzen subit une casse moteur, dommage pour l'allemand qui a pris un excellent départ passant de la 8e ligne à la treizième position au 1er tour. Le classement au dixième tour est le suivant : 1.Alesi, 2.Schumacher (2"), 3.Hill (10"), 4.Irvine (12"), 5.Brundle (13"), 6.Mansell (22"), 7.Hakkinen (23"), 8.Berger (23"), 9.Nakajima (24"), 10.Barrichello (29"), 11.Panis (29"), 12.Coulthard (31"), 13.Lagorce (32"), 14.Boullion (34"),...

La tactique à adopter sur ce circuit partage beaucoup les pilotes, une bonne moitié décide de s'arrêter deux fois, mais nombreux sont ceux qui vont risquer de ne rentrer aux stands qu'une seule fois. Là encore, le choix de chacun sera décisif. Berger est le premier à stopper sa Ferrari, malheureusement ce changement semble imprévu, les mécaniciens s'attardent, en fait il s'agit d'un problème... L'autrichien repart après 1 minute trente, sans conviction quant aux performances de sa voiture. Barrichello sort de la trajectoire juste après les stands, il abandonne. Se suivent ensuite, Dalmas, Gounon, Schumacher, Mansell, Helary, Comas... En tête, Alesi et Irvine tentent le coup ! Après quarante minutes de course et les nouveaux abandons de Blundell, Hakkinen et Katayama, le nouveau classement ressemble à cela : 1.Alesi, 2.Irvine (13"), 3.Schumacher (23"), 4.Panis (30"), 5.Hill (30"), 6.Brundle (32"), 7.Mansell (43"), 8.Lagorce (43"), 9.Nakajima (43"), 10.Coulthard (44"),... Berger pointe en 20e position à 1 tour.

Alesi s'arrête le premier d'entre ceux qui ont choisi cette voie. Panis, puis Irvine et Lagorce le suivent. Tout se passe bien pour ces pilotes, en revanche, Salo sort de la route pour avoir voulu rentrer aux stands trop vite. Schumacher prend la tête de la course. Nakajima profite de tous ces arrêts et de l'inattention de son coéquipier pour effectuer une belle remontée. Mais un coup de théâtre survient lorsque la Benetton n°1 s'arrête dans son box. L'arrêt de Michael Schumacher se prolonge aussi et le pilote allemand choisit d'abandonner après une longue minute d'attente. Ayant perdu la troisième et la quatrième vitesse, il a perdu plus de 2" dans les deux derniers tours, les mécaniciens ne peuvent rien pour lui dans l'immédiat. Schumacher abandonne, laissant Alesi en tête de la course, mais surtout prenant le risque de laisser le français revenir au Championnat du Monde des Pilotes. Petit à petit, il semble que la tactique de l'unique arrêt est la meilleure. Le tracé du circuit ne permet pas de nombreux dépassement, ainsi, l'avantage concédé aux pilotes ne s'arrêtant qu'une fois reste plus ou moins décisif. Brundle, à la lutte avec son coéquipier, emprunte trop de terrain à une bordure et son tête-à-queue dans le sable lui est fatal.

Il reste 15 tours de course quand Jean-Pierre Jabouille affirme fièrement: "Eddie gagne 1 seconde au tour sur Alesi". En effet, l'irlandais volant reprend dixièmes sur dixièmes à la Ferrari limitée par une forte consommation de carburant. Les deux pilotes sont encore séparés de près de 10 secondes mais rien n'est joué. Berger remonte légèrement mais son retard est définitivement trop important. Les officiels ferraristes ne se préoccupent plus vraiment de l'autrichien, car Alesi est en train de remporter son troisième trophée de la saison. Deux moteurs lâchent après l'heure et demie de course, il s'agit du Peugeot de Dalmas et du Cosworth de Badoer. Un peu plus tard, Berger, en treizième position, s'arrête après de nombreux efforts, encore victime d'une crevaison lente. A huit tours de la fin, le surprenant classement a cette allure : 1.Alesi, 2.Irvine (8"), 3.Panis (33"), 4.Hill (35"), 5.Lagorce (49"), 6.Mansell (1 t), 7.Nakajima (1 t), 8.Coulthard (1 t), 9.Boullion (1 t), 10.Herbert (2 t), 11.De Cesaris (2 t), 12.Brabham (2 t), 13.Gounon (2 t), 14.Comas (2 t), 15.Helary (3 t). Sur les quinze pilotes encore en piste, on ne compte pas moins de 7 français !

Mais la tension grandit avec la fin de course. A sept tours de la fin, le panneau d'informations des stands annonce "6.9s -- 31.7s -- 34.0s" à Alesi. Le français, dont l'expérience commence à se faire sentir, ne se crispe pas, et continue dans la même allure. La Jordan remonte certes, mais n'a pas encore doublé la Ferrari ! Derrière, une lutte sévère oppose Gounon et Brabham, le français prend le dessus, mais le britannique est très énervé. A trois tours de la fin, Brabham profite de l'aspiration de la March pour montrer toute la cavalerie du moteur Hart. Seulement, le français est maintenant fou furieux, il ferme la porte à son adversaire, qui parvient tout de même à le déboîter. La March réaccélère de plus bel, et, finalement, tout se termine par une superbe sortie de route des deux voitures se défiant mutuellement sur leurs tenues de route. C'est fini pour cette bataille, mais tous les deux gardent une certaine agressivité à l'égard de l'autre. Néanmoins n'oublions pas la remontée du moteur Peugeot ! Oui, en même temps que la sortie de trajectoire des attardés, Irvine revient dans la roue d'Alesi, il ne reste que deux tours ! Coulthard passe Nakajima sous les yeux d'Alesi, lui même talonné par Irvine, en pleine manoeuvre d'intimidation. Le spectacle est tout chaud, ce sont des moments à apprécier tant ils ne sont pas si fréquents dans le sport !

Panis livre également une belle bataille face à la Williams de Damon Hill. Là encore, soulignons la maîtrise du français, qui contient le Vice champion du Monde depuis près d'une heure ! Maintenant, Alesi sort le grand jeu, le respect qu'il a su se donner toutes ces années auprès des autres pilotes lui sert, puisque le dépassement d'Hélary et de Comas se fait sans aucune difficulté. Il gagne pratiquement 1 seconde et demie sur son rival. Irvine prend un quatrième tour à Comas, mais le dépassement est véritablement limite. A l'issue de l'épreuve, il déclarera même que s'il avait été français, Comas l'aurait laissé passer et il aurait remporté son premier succès. Comas, interrogé à ce sujet, tente d'éviter toute polémique, mais chez Jordan on est véritablement mécontent. Toujours est-il que Jean Alesi remporte un nouveau succès, il remplacera un jour ou l'autre le rusé Alain Prost, qui reste toujours son ami. C'est donc, un superbe tir groupé à la française, 2 pilotes sur le podium, le troisième avec un moteur français, le Renault de Hill quatrième, Lagorce cinquième, la Ligier de Coulthard septième, Boullion dans sa roue, Comas et Hélary douzième et treizième... Quelle belle journée !

1. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts
2. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 2" 6 pts
3.
O.Panis Fra Ligier Mugen Honda à 32" 4 pts
4. D.Hill Gbr Williams Renault à 32" 3 pts
5. F.Lagorce Fra Venturi Peugeot à 1 tour 2 pts
6. N.Mansell Gbr Toyota à 1 tour 1 pt

Ceci mettant les trois pilotes de tête au Championnat du Monde à égalité aux nombres des victoires : 3. Ainsi, la fin du championnat opposera le français Jean Alesi au tenant du titre en personne Michael Schumacher...

1. M.Schumacher All Benetton Renault 57 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 50 pts 3v.
3. G.Berger Aut Ferrari 36 pts 3v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault 32 pts
5. M.Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v.
6. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
7. N.Mansell Gbr Toyota 19 pts 1v.
8. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes Benz 18 pts
9.
D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 16 pts
10. S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
Etc.

Cette nouvelle victoire de la Scuderia lui est très profitable puisque au Championnat des Constructeurs...

1. Scuderia Ferrari 89 pts 6v. 3 p.
2. Benetton Renault Elf 68 pts 3v. 2 p.
3. Williams Renault Elf 60 pts 2v. 2 p.
4. Toyota Formula One 54 pts 3v. 3 p.
5. Ligier Mugen Honda 27 pts 2 p.
6. McLaren Mercedes Benz 24 pts 2 p.
7. Jordan Peugeot 23 pts 2 p.
8. Sauber Ford Zetec 8 pts 1 p.
9. Larrousse Peugeot 4 pts 1 p.
et Venturi Team Peugeot 4 pts 1 p.
11. March Mazda 2 pts 1 p.
12. Tyrrell Yamaha 1 pt. 1 p.

Vingt et un pilotes ont marqué des points pour l'instant au cours de cette saison, c'est beaucoup, et même temps on peut dire que le niveau s'est donc effectivement resserré. Bref, beaucoup de suspens pour les deux derniers Grands Prix !

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