Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

jeudi 31 juillet 2008

Chapitre 16: La dernière ligne droite

"Schumacher : Je serai Champion du Monde", " Jean Alesi revient en force", " Schumacher-Alesi : le Duel", "Schumacher ne craint pas Alesi", "Alesi : Maintenant, il est difficile de me battre", "Schumi aime les défis", "Vas-y Alesi !"... Les titres de la presse (spécialisée ou non) sont très clairs, on arrive à l'issue d'une belle saison restant indécise quant au résultat final ! Schumacher sur sa Benetton et Alesi sur sa Ferrari vont devoir se livrer à un super duel pour le titre suprême, le troisième d'affilée pour l'allemand ou le premier pour le français ! Suzuka a beaucoup de chances de voir d'ores et déjà ce titre décerné, bien que les spécialistes préfèrent un peu de suspens et garder cette suprême énigme pour la dernière épreuve de la saison. C'est donc à la fin du mois d'octobre, que les dix-sept écuries se retrouvent au Japon. Une seule nouveauté pour ce Grand Prix, Pedro Diniz, le jeune brésilien, remplace définitivement Zanardi, à cours de fonds pour Forti Corse.

Dès les préqualifications, le public est présent en masse. Depuis quelques années, la formule 1 passionnent les japonais, les écuries ont ensuite suivi la tendance. La séance du jeudi voit Martini, Diniz, Moreno et Belmondo prendre les dernières places. Rien de remarquable autrement, toutes les équipes travaillent d'arrache-pied pour préparer ce moment très important de la saison. Chez Toyota, écurie 100% nippone, on a tourné pendant deux semaines sans arrêts, les temps annoncés par l'écurie sont apparemment très impressionnants : Autour de 1'36", alors que le record de la pole est toujours détenu par Schumacher en 1994 en 1'37"209 ! Cette passion du public conduit ce dernier à un certain fanatisme, mais étrangement pas forcément vers les pilotes ou les écuries frappées du point rouge. Ainsi Schumacher et Alesi sont tous deux très appréciés au pays du soleil levant. Il est vrai que la fiancée de Jean Alesi en est pour quelque chose... Un sondage réalisé pendant cette journée auprès des pilotes donne 79% de chance à Schumacher de remporter le titre.
Pour la première fois, le fils et la femme de Jean Alesi assisteront au Grand Prix, Jean est très content, sa vie s'est très bien équilibrée, il ne lui manque que un épanouissement identique dans sa vie professionnelle... La séance matinale du vendredi reste toujours aussi dramatique. Gachot, à la lutte avec Moreno pour la préqualification, réussira à l'ultime tour. Ainsi, les deux brésiliens de Forti, ainsi que Alboretto et Belmondo ne pourront défendre leurs chances lors de la séance de l'après-midi. Les tribunes sont pleines dès 13h, le spectacle est déjà au rendez-vous. Schumacher est à la lutte avec les Toyota, Hill et... Berger ! Non, Alesi ne parvient pas à réaliser une bonne séance malgré une motivation très visible. Son coéquipier autrichien compte bien remettre les pendules à l'heure au sein de l'écurie Ferrari, qui tente le tout pour le tout et délaisse légèrement le pilote de la numéro 28. Le classement est le suivant en fin de séance : 1.Mansell (1'38"444), 2.Schumacher (+0.219), 3.Nakajima (+0.501), 4.Hill (+0.890), 5.Berger (+1.097), 6.Hakkinen (+1.685), ...

L'opposition entre les deux coureurs en tête du championnat du Monde nuit-elle à Alesi ? La presse s'empare des difficultés du français à s'extérioriser pendant ce week-end pour en interpréter un malaise, une faiblesse... En fait, le français est en famille et compte bien bénéficier de toute la tranquillité qu'il dispose pour mettre maintenant (et comme avant) toutes les chances de son côté. Il ne se laisse plus perturber par les bassesses d'une presse à pseudo-scandales qu'il vaut d'ailleurs mieux ignorer, pense-t-il. A la veille du Grand Prix, Schumacher consacre de nombreuses interviews, il est fort, on sent une très grande confiance en lui. Cette semi-arrogance en opposition avec la discrétion d'Alesi ne plaît pas à Jean Todt, qui déclare à la chaîne japonaise disposant de l'exclusivité de l'épreuve que "Schumacher ferait mieux de la fermer, parce qu'Alesi est peut-être loin, mais pas fini !". Ce soutien n'est évidemment pas surprenant, mais s'inscrit d'une certaine manière dans la lutte par presse interposée entre les deux pilotes leaders. Par le passé, il semble que la provocation déstabilise plus ou moins à un certain moment un des deux pilotes, et quand on connaît la force psychologique de Michael Schumacher, il est difficile de croire que ce dernier peut craquer...

Il est treize heures. La session de qualification de la dernière chance oppose 30 pilotes qui veulent tous réaliser l'exploit de la journée. Jean Alesi s'élance très tôt, il n'aime pas trop être passif quand il est sollicité de toute part et attendu à la moindre bévue. Il s'empare rapidement de la troisième place. Etrangement, il devance cinq coureurs dans un mouchoir de poche au bout de trente-cinq minutes. En effet, Hakkinen, Hill, Coulthard, Barrichello et Brundle se tiennent en 6 dixièmes ! Mais la Toyota de Nakajima est parfaitement réglé pour le circuit de Suzuka et le japonais repasse Alesi dans son onzième et dernier tour chronométré. Pendant ce temps, Schumacher passe Mansell. Finalement, la pluie faisant son apparition, la séance n'apporte plus aucun changement. Et la grille est composée comme suit : 1.Schumacher (1'36"904), 2.Mansell (+0.102), 3.Alesi (+0.420), 4.Nakajima (+0.516), 5.Hill (+0.978), 6.Berger (+1.005), 7.Coulthard (+1.107), 8.Hakkinen (+1.742), 9.Herbert (+1.810), 10.Panis (+1.894), 11.Brundle (+1.949), 12.De Cesaris (+2.173), ... Les quatre malchanceux des qualifications sont Martini (+4.966), Verstappen (+5.233), Brabham (+5.235) et Gachot (+6.809). Le duel pour le titre se fera donc avec le vieux Mansell intercalé en 2e position.

Connaissant la résistance du Champion du Monde en titre, sa capacité de s'extraire du peloton des bolides en furie, il est clair que la tâche du pilote de la Ferrari n°27 sera ardue, mais sa combativité permet de garder un petit espoir quant à l'évolution de la course. Pour l'instant, les journalistes s'affairent avec les quelques rares déclarations du français et de son manager, Jean Todt, qui se place en bouclier entre le pilote et la presse dévoratrice. De son côté, Niki Lauda ne bouge pas trop, il sait ce qu'attend Alesi. Il a besoin de repos. En face, Fabio Briatore n'hésite pas à enflammer le débat. Il rappelle à Alesi que leurs relations étaient excellentes jusqu'aux abords de cette saison, au début duquel Alesi était en passe de signer avec Benetton dans le cadre d'un échange avec Schumacher. Seulement, Alesi avait su démontrer son nouveau statut de star en faisant monter la mayonnaise, puis en restant de manière assez surprenante chez Ferrari après d'âpres pourparlers avec les dirigeants. En fait, tout le monde attend ce fameux Grand Prix de Suzuka du 24 octobre, pour savoir comment vont réagir chacun des intéressés. La nuit a été courte pour les deux champions, l'impatience de pouvoir enfin entrer en scène, défendre ses chances et montrer ce que l'on sait faire l'a emporté sur la fatigue inhérente exercée par la pression toujours plus grande.

Dimanche de Suzuka. L'échauffement délivre plusieurs enseignements. Les Ligier se tiennent très bien, les Toyota encore mieux, Alesi et Schumacher ne se confrontent pas directement, puisqu'ils effectuent chacun des réglages différents. Schumacher s'entraînent aux départs lancés... Les gradins sont archi-combles, le soleil est caché par un léger voile nuageux, la température est tout juste agréable. Un vent assez frais secoue la forêt sous le mont Fuji, mais la tension fait oublier tout ça. Le départ va bientôt être donné. Finalement, c'est Nakajima qui a réalisé le meilleur temps de la matinée, battant Hill sur le fil. Mansell, Coulthard, Berger, Schumacher, Brundle et Alesi ont complété les places d'honneur. Mais déjà il s'agit du tour de formation. Les pilotes testent leur direction, leurs pneus, leur boîte de vitesse, leurs appuis et leur électronique. Puis, après 2 minutes, toutes les voitures se présentent sur la grille de départ. Toutes ? Non ! Le malheureux Franck Lagorce n'est pas présent, on apprend quelques instants plus tard qu'il a été victime d'une bizarre panne de transmission. Dommage, le jeune français s'est montré bien incisif sur les dernières épreuves. Le panneau trente secondes est présenté aux coureurs. Puis, le feu rouge s'allume, puis le vert. Schumacher prend un bon départ, Mansell est en difficulté. Alesi s'empare donc de la deuxième place derrière Schumacher. Il n'a pas le droit à l'erreur, car l'avance de l'allemand au Championnat du Monde est trop importante.

Le premier tour est donc bouclé en tête par la Benetton n°1, suivi d'Alesi, Nakajima, Mansell, Hill et Berger. Au bout de quelques minutes, le rythme de l'allemand est insoutenable pour tous. Même Alesi, qui parvenait à résister, lâche prise, Schumacher s'envole. Le premier arrêt est un abandon, celui de De Cesaris, une fuite d'huile trop importante l'empêche de continuer. Gounon porte seul les espoirs de Mazda de bien figurer au pays d'origine. Badoer et Helary s'accrochent, le premier tente de poursuivre, le second s'arrête, mais en définitive tous les deux abandonnent. Au huitième tour, Schumacher compte quatre secondes sur son rival, neuf sur les poursuivants (Mansell, Nakajima, Hill) et plus de quinze sur Berger, Coulthard et Hakkinen. Puis Hill est rappelé par le starter pour avoir volé le départ. Il effectue sa pénalité puis repart en dixième position, derrière Herbert. Schumacher domine le débat, personne ne gagne de temps sur lui. Quel champion ! Il pousse le moteur Renault au plus loin, puis rentre au stand pour son premier changement, pendant que Blundell abandonne à son tour pour casse moteur. Bientôt Hill, puis Mansell rejoignent les boxes. Finalement tout le monde a choisi de s'arrêter deux fois, puisque au 19e tour tout le monde a changé de pneumatiques. On approche de l'heure de course et l'écart entre Schumacher et son poursuivant français est passé à huit secondes. Il faut compter sur une défaillance de l'allemand, car à la régulière le Champion du Monde est imbattable.
Dans sa remontée, Hill effectue un tête-à-queue, qui lui fait perdre encore deux places, il se retrouve non seulement derrière Herbert, mais aussi derrière son coéquipier Brundle à plus de cinquante secondes. Irvine éclate un pneu et Frentzen sort de la route, la piste s'éclaircit comme le ciel. Toute crainte de pluie peut maintenant être jeté aux oubliettes. Après 30 des 50 tours à effectuer, le classement de la course est le suivant : 1.Schumacher, 2.Alesi (+9.9), 3.Mansell (+22.1), 4.Nakajima (+25.6), 5.Berger (+30.0), 6.Coulthard (+31.7), 7.Hakkinen (+33.1), 8.Barrichello (+40.8), 9.Herbert (+46.7), 10.Brundle (+47.9), 11.Hill (+50.2), 12.Panis (+50.9), 13.Boullion (+51.7), 14.Katayama (+54.6), 15.Comas (+55.9), 16.Salo (+1'03.1), 17.Gounon (+1'03.9), 18.Dalmas (+1 t) et 19.Morbidelli (+1 t). Puis Schumacher reprend Gounon et Salo, et s'arrête à son stand, deuxième occasion pour Alesi de passer en tête. Mais de courte durée, puisqu'il s'arrête deux tours plus tard, juste avant Berger, contraint d'attendre la fin du changement de son équipier. Ce fait bénéficie à Coulthard, qui en profite pour prendre la quatrième place à Nakajima. Boullion casse son moteur à son tour. La fortune des français n'est plus la même qu'à Kyalami.

Ainsi, l'écart entre les deux hommes de tête dépasse la douzaine de secondes. Alesi perd pied, il dérive entre Schumacher et Mansell. Sa femme et son fils le contemplent, c'est pourquoi il ne tient pas à apparaître battu ou abattu. Il ne veut pas perdre le titre le jour où sa famille se réunit (son père a fait le déplacement, ainsi que ses beaux-parents). Son regard lors de son deuxième arrêt est très évocateur, devant lui, quelque part, Schumacher domine la course et Alesi se bat. Prost, commentateur pour les téléspectateurs français, n'hésite pas à soutenir son ami par télé interposée et cela avec des millions de gens qui l'écoutent. "C'est maintenant ou jamais" déclare le quadruple Champion du Monde. A son tour, la Ligier de Panis s'arrête sur le bas-côté de la piste, suivie une centaine de mètres plus loin par l'Arrows de Morbidelli. A six tours de la fin, le classement en tête est ainsi : 1.Schumacher, 2.Alesi (+14.7), 3.Mansell (+33.5), 4.Coulthard (+36.0), 5.Nakajima (+44.1), 6.Barrichello (+50.4), 7.Hakkinen (+51.2), 8.Berger (+53.0), 9.Herbert (+1'05.9), 10.Hill (+1'06.5), 11.Brundle (+1'07.4), 12.Katayama (+1 t), 13.Comas (+1 t), 14.Salo (+2 t), 15.Gounon (+ 2 t) et 16.Dalmas (+3 t). Le Toyota devient de plus en plus performant, Coulthard ne pouvant plus suivre le rythme de Mansell (1'41"9), se faisant au contraire rattraper par Nakajima.

Enfin, Brundle est talonné par Schumacher. Le britannique ferme la marche d'un petit groupe emmené par Johnny Herbert. L'allemand aborde son troisième titre d'affilée. Il faudrait un miracle à Jean Alesi pour lui permettre de conserver ses chances. Le moteur de Nakajima cède finalement sous les coups de boutoirs du japonais pour revenir sur Coulthard le précédant. Quelle série noire pour lui, qui n'a plus marqué de points depuis le Grand Prix d'Allemagne ! Coulthard, lui, ralentit nettement et laisse Mansell partir vers une belle troisième place promise depuis de nombreux tours. Schumacher accomplit ses derniers tours en force, mais à l'abord de l'avant-dernier, on lui communique de se réserver, car son niveau de carburant est très bas. Quelques secondes plus tard, la même information est transmise à Alesi. Katayama tombe d'ailleurs en panne d'essence. Pour la sixième place, Hakkinen résiste fortement à Berger, Barrichello les à distancer. Plus qu'un tour pour Schumacher, il va être triple Champion du Monde dans quelques secondes. Alesi, douze secondes derrière lui, est trop loin, il assure pourtant une belle deuxième place, qui lui permet de se classer Vice Champion du Monde puisque Gerhard Berger et Damon Hill sont distancés. Alors Jean pense à son fils, à sa famille, il aura combattu comme un chef, sans pouvoir vraiment inquiéter son adversaire allemand, supérieur en tout point. Les déboires de la presse, la pression des sponsors, des médias, de l'entourage, des amis n'auront pas facilité le combat du pilote de la Ferrari n°27. L'an prochain, Villeneuve viendra s'associer à Jean pour enfin accomplir le rêve de tout pilote de F1.

Soudain, coup de théâtre dans le dernier virage menant à la ligne droite des stands, Schumacher est au ralenti ! Chez Ferrari, on renaît! L'abattement et la fatalité des dernières secondes remuent l'ensemble des ingénieurs et mécaniciens de la Scuderia. Todt et Lauda sortent du stand à toute vitesse, il contemple le bout de la ligne droite, Schumacher apparaît subitement, il roule encore assez vite. Pas le temps d'informer Alesi, les yeux sont rivés sur ce virage, on attend la Ferrari, qui pourrait bientôt subir le même sort. Cependant, pour Alesi, il s'agit absolument de terminer devant Schumacher. Que ces secondes sont longues. Schumacher approche toujours, ce sont les symptômes d'une panne sèche, il franchira la ligne, mais avant ou après Alesi ?

Le français a ralenti sa cadence, il salue même le public, de toute façon Schumi est loin, le Grand Prix va finir. Mais à la sortie de l'ultime virage, Jean voit une Benetton au ralenti. Pas question de s'endormir, il rétrograde encore et accélère à fond de seconde. Troisième vitesse, quatrième, la Benetton va franchir la ligne, cinquième, ... Alesi passe Schumacher sur la ligne, il n'a pas hésité, sa voiture tombe à son tour en panne. Schumacher, énervé, tape du poing sur son volant. Le français remporte la course pour 2 dixièmes de secondes ! Incroyable, mais vrai ! Le suspens durera encore pour Jean. Il est sorti de son baquet et salue sa femme et son fils, tous deux en pleurs. Todt et Lauda s'embrasse et accoure vers le français, comme s'il était Champion du Monde. Non, Michael Schumacher devra encore patienter, Jean Alesi vient de remporter son quatrième Grand Prix de la saison, et le sixième de sa carrière. Mansell, qui ne comprend rien à ce qui se passe, voit Alesi sur le bas côté entouré de plein de monde, dans les bras de Jean Todt. Que d'émotions à Suzuka au Japon, nouvelle patrie de Jean Alesi ! Les téléspectateurs du monde entier n'en reviennent pas, surtout en Allemagne ! Qu'écrira la presse demain ? Il faut s'y faire, Alesi remporte l'avant-dernier Grand Prix de la saison !

1. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts
2. M.Schumacher All Benetton Renault à 0" 6 pts
3. N.Mansell Gbr Toyota à 30" 4 pts
4. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda à 43" 3 pts
5. R.Barrichello Bré Jordan Peugeot à 58" 2 pts
6. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 1'03" 1 pt

Au classement du Championnat du Monde, l'écart se resserre :

1. M.Schumacher All Benetton Renault 63 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 60 pts 4v.
3. G.Berger Aut Ferrari 36 pts 3v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault 32 pts
5. M.Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v.
6. N.Mansell Gbr Toyota 23 pts 1v.
7. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
8. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 19 pts
et M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 19 pts
10. S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
Etc.

Alors qu'il s'agrandit au championnat Constructeurs :

1. Ferrari Spa 99 pts 7v.
2. Benetton Renault Elf 74 pts 3v.
3. Williams Renault Elf 60 pts 2v.
4. Toyota Formula One 58 pts 3v.
5. Ligier Mugen Honda 30 pts
Etc.

Le championnat ne perd donc pas de son suspens au cours de l'avant-dernier Grand Prix de la saison. C'est un bon choix pris par le hasard et le destin de chacun, ce même destin qui décernera le titre de meilleur pilote à l'issue du Grand Prix d'Australie à Adelaide. Pour le titre des Constructeurs, Jean Todt a réussi son pari ! Ferrari est de nouveau Champion du Monde grâce à Alesi, Berger, mais aussi grâce au jeune Villeneuve dont les trois points d'Estoril ne sont pas à négliger ! Ce jeune sera aussi un jour en course au titre suprême, c'est sûr ! Lauda, Barnard et bien sûr Todt forme une équipe fantastique, une équipe qui a réussi à transformer la Scuderia d'un monstre titubant en une machine à gagner révolutionnaire. Par ce nouveau succès dans la catégorie reine, Jean Todt fait figure d'épouvantail dans le milieu de la compétition automobile, bravo à lui et à toute son équipe !

mardi 29 juillet 2008

Chapitre 15: Allez France !

Enfin !
Tout le paddock se retrouve enfin de nouveau en Afrique du Sud pour préparer le Grand Prix de Kyalami. Les premières chaleurs d'octobre se font sensiblement sentir, mais le climat est beaucoup plus supportable qu'en France ou en Italie en plein mois de juillet. La comparaison est de toute façon impossible, puisque le printemps ne fait que commencer en ce 7 octobre. En effet, ce jeudi, toutes les écuries ne possédant pas de points se présentent pour la séance de préqualification. Un nouveau pilote a trouvé un volant : Le français Jean-Christophe Boullion, pilote essayeur chez Williams, mais qui retrouve son volant de l'an dernier chez Sauber. La performance de Lehto, jugée trop faible, a amené Peter Sauber à prendre une telle décision. Le jeune français avait marqué sa présence par une bonne adaptation chez les noirs et rouges, et surtout une excellente résistance en course, sans pour autant créer de grande sensation. C'est donc la carte de la sécurité que joue l'écurie suisse sur le plateau d'Afrique du Sud.

A l'issue de la première séance, la seule impression générale qui se manifeste chez les spécialistes est la confirmation des mauvais résultats des Pacific Lotus. Gachot et Belmondo occupent les derniers rangs. Ils sont précédés de Moreno (Forti), Martini (Minardi), Brabham (Arrows Footwork), Zanardi (Forti), Alboretto (Simtek Lola), Morbidelli (Arrows Footwork), Badoer (Minardi) et Verstappen (Simtek Lola) dans l'ordre inverse de leurs temps. Pendant ce temps, les équipes n'ayant pas à participer à ce spectacle "tragique" se préparent pour les essais du lendemain. Parmi eux, Jean-Christophe Boullion est optimiste, il connaît un peu la voiture, et beaucoup l'environnement Sauber. De plus, Frentzen et Boullion sont de bons amis depuis l'an dernier et ceci contribue généralement à l'accumulation de bons résultats. Le soutien de tous est un phénomène nécessaire à de bons résultats, après il faut ajouter un moteur compétitif, très compétitif ! Le Ford Zetec ne paraît pourtant pas en mesure de s'imposer face au Renault, Ferrari ou même Peugeot ou Toyota.

Vendredi, le 8 octobre, les préqualifications donnent l'occasion à Morbidelli de devancer tout son monde, Badoer, Verstappen, Alboretto, Brabham, Zanardi, Martini, Moreno, Belmondo et Gachot. Les quatre derniers sont éliminés et ne peuvent participer aux essais qualificatifs. L'après-midi, au cours des essais chronométrés, Hill devance Schumacher et Mansell. Alesi suit à la quatrième position, dominant Berger, Brundle, Irvine, Nakajima, Hakkinen, Coulthard, Frentzen, Barrichello et Boullion. Le duel Hill-Schumacher reprend le dessus des actualités. C'était le cas des deux dernières années, depuis l'accident de Senna sur sa Williams Renault. Sans cette disparition, la F1 compterait un autre pilote dans la course au titre, quelle que soit la voiture sur laquelle il évolue. Ainsi, les journalistes spéculent plus sur un retour de Hill au premier plan (sans qu'il l'ait vraiment quitté) que sur un cavalier seul de Schumacher ou même d'une rivalité à trois ou quatre (avec Alesi, Mansell ou Brundle...).

Clairement le moteur Renault reste le meilleur. Peugeot et Mercedes ont encore un peu de mal, Toyota et Ferrari s'accrochent. Mais le talent de certains pilotes est, là aussi, confirmé. Schumacher est un super champion. Les jeunes Coulthard, Barrichello, Irvine et Hakkinen seront les dignes successeurs des Berger, Brundle, Herbert et autre Alesi... Certains français méritent également le détour, tels Panis, Lagorce ou Boullion. Avec l'expérience et de meilleures voitures encore, la preuve en sera faite. Ainsi, samedi matin, tout présage pour une belle lutte entre tous les pilotes de valeurs, beaucoup auront leur chance, peu la saisiront. Et effectivement, les qualifications furent de toute beauté. D'abord, les écuries en difficulté se battent pour participer à la course. De cette façon, Verstappen, Alboretto, Brabham, Morbidelli, Gounon, Badoer, Zanardi et d'autres entament leur bataille de plein pied. Les problèmes mécaniques ne l'épargnant pas de la journée, c'est Morbidelli sur son Arrows Footwork, qui fait le 30e et dernier temps, finalement battu par tout le monde et n'ayant effectué que 4 tours le samedi. Devant lui, Zanardi (Forti Corse), Alboretto et Verstappen (Simtek Lola) complètent la liste des pilotes malheureux. Premier qualifié, Ukyo Katayama a effectué un excellent début de séance, mais, rapidement le japonais a déchanté. Il est précédé de Helary, Gounon, Brabham, Badoer, Comas et Salo, en remontant la grille de départ. On trouve ensuite la March de De Cesaris, le pilote italien ayant effectué une sortie de route très spectaculaire.

Sur la neuvième ligne, on trouve Dalmas et Blundell. Sur la 8e, Herbert devance Frentzen. Sur la 7e, Panis a pris le dessus sur Boullion. Sur la 6e, Nakajima domine Lagorce. Sur la 5e, Coulthard n'a pu suivre Barrichello. En quatrième ligne, Hakkinen et Berger se partagent la piste. A la sixième place, on trouve l'excellent Brundle, a trois dixièmes de Mansell, en 5e place. Quatrième, Schumacher a à peine amélioré son temps de la veille. En tête sur la deuxième ligne, le détonant Irvine s'est qualifié pour la première fois à cette position. Devant, sur la première ligne, Alesi s'est emparé de la pole promise à Damon Hill lors de son dernier tour chronométré. Le français accède ainsi à une place qu'il n'avait pas occupée depuis longtemps. C'est l'homme que tout le monde regarde, celui sur les épaules duquel la pression est la plus forte. Il devance le pilote de la Williams de seulement 13 millièmes ! Quoi qu'on en dise, cet écart est exceptionnel. "Kyalami, à nous deux !" s'écrie alors le pilote aveyronnais.

Dimanche, le 10 octobre, le soleil est présent malgré un léger voile de nuages. Les warm-ups ne confirment rien du tout. En fait, il semble que beaucoup de coureurs ont réservé cette séance à un affinement des réglages. A l'issue de l'épreuve, Brundle réalise le meilleur temps, à 3 secondes de son temps des essais. Deuxième et troisième, les Jordan occupent des places inhabituelles. Barrichello devance donc Irvine puis Mansell, Schumacher et seulement Alesi, qui affirme un peu plus tard ne pas pouvoir trouver les bons réglages et ne disposant de ce fait que d'une partie de la puissance du moteur. Hill et Coulthard sont sortis de la piste. Maintenant, le départ va être donné. Hill va-t-il reprendre son retard sur Alesi, Schumacher va-t-il se montrer, on peut poser des milliers de questions sans réponses. Ca y est, les voitures sont lancées, le spectacle est prodigieux, on distingue à peine la Ferrari prendre la tête de la course et Schumacher prendre sa roue. Hill, Irvine et Brundle constituent rapidement un groupe de chasse, complété un peu plus loin par Berger, et encore plus loin par Mansell. Nakajima est vite distancé. Frentzen subit une casse moteur, dommage pour l'allemand qui a pris un excellent départ passant de la 8e ligne à la treizième position au 1er tour. Le classement au dixième tour est le suivant : 1.Alesi, 2.Schumacher (2"), 3.Hill (10"), 4.Irvine (12"), 5.Brundle (13"), 6.Mansell (22"), 7.Hakkinen (23"), 8.Berger (23"), 9.Nakajima (24"), 10.Barrichello (29"), 11.Panis (29"), 12.Coulthard (31"), 13.Lagorce (32"), 14.Boullion (34"),...

La tactique à adopter sur ce circuit partage beaucoup les pilotes, une bonne moitié décide de s'arrêter deux fois, mais nombreux sont ceux qui vont risquer de ne rentrer aux stands qu'une seule fois. Là encore, le choix de chacun sera décisif. Berger est le premier à stopper sa Ferrari, malheureusement ce changement semble imprévu, les mécaniciens s'attardent, en fait il s'agit d'un problème... L'autrichien repart après 1 minute trente, sans conviction quant aux performances de sa voiture. Barrichello sort de la trajectoire juste après les stands, il abandonne. Se suivent ensuite, Dalmas, Gounon, Schumacher, Mansell, Helary, Comas... En tête, Alesi et Irvine tentent le coup ! Après quarante minutes de course et les nouveaux abandons de Blundell, Hakkinen et Katayama, le nouveau classement ressemble à cela : 1.Alesi, 2.Irvine (13"), 3.Schumacher (23"), 4.Panis (30"), 5.Hill (30"), 6.Brundle (32"), 7.Mansell (43"), 8.Lagorce (43"), 9.Nakajima (43"), 10.Coulthard (44"),... Berger pointe en 20e position à 1 tour.

Alesi s'arrête le premier d'entre ceux qui ont choisi cette voie. Panis, puis Irvine et Lagorce le suivent. Tout se passe bien pour ces pilotes, en revanche, Salo sort de la route pour avoir voulu rentrer aux stands trop vite. Schumacher prend la tête de la course. Nakajima profite de tous ces arrêts et de l'inattention de son coéquipier pour effectuer une belle remontée. Mais un coup de théâtre survient lorsque la Benetton n°1 s'arrête dans son box. L'arrêt de Michael Schumacher se prolonge aussi et le pilote allemand choisit d'abandonner après une longue minute d'attente. Ayant perdu la troisième et la quatrième vitesse, il a perdu plus de 2" dans les deux derniers tours, les mécaniciens ne peuvent rien pour lui dans l'immédiat. Schumacher abandonne, laissant Alesi en tête de la course, mais surtout prenant le risque de laisser le français revenir au Championnat du Monde des Pilotes. Petit à petit, il semble que la tactique de l'unique arrêt est la meilleure. Le tracé du circuit ne permet pas de nombreux dépassement, ainsi, l'avantage concédé aux pilotes ne s'arrêtant qu'une fois reste plus ou moins décisif. Brundle, à la lutte avec son coéquipier, emprunte trop de terrain à une bordure et son tête-à-queue dans le sable lui est fatal.

Il reste 15 tours de course quand Jean-Pierre Jabouille affirme fièrement: "Eddie gagne 1 seconde au tour sur Alesi". En effet, l'irlandais volant reprend dixièmes sur dixièmes à la Ferrari limitée par une forte consommation de carburant. Les deux pilotes sont encore séparés de près de 10 secondes mais rien n'est joué. Berger remonte légèrement mais son retard est définitivement trop important. Les officiels ferraristes ne se préoccupent plus vraiment de l'autrichien, car Alesi est en train de remporter son troisième trophée de la saison. Deux moteurs lâchent après l'heure et demie de course, il s'agit du Peugeot de Dalmas et du Cosworth de Badoer. Un peu plus tard, Berger, en treizième position, s'arrête après de nombreux efforts, encore victime d'une crevaison lente. A huit tours de la fin, le surprenant classement a cette allure : 1.Alesi, 2.Irvine (8"), 3.Panis (33"), 4.Hill (35"), 5.Lagorce (49"), 6.Mansell (1 t), 7.Nakajima (1 t), 8.Coulthard (1 t), 9.Boullion (1 t), 10.Herbert (2 t), 11.De Cesaris (2 t), 12.Brabham (2 t), 13.Gounon (2 t), 14.Comas (2 t), 15.Helary (3 t). Sur les quinze pilotes encore en piste, on ne compte pas moins de 7 français !

Mais la tension grandit avec la fin de course. A sept tours de la fin, le panneau d'informations des stands annonce "6.9s -- 31.7s -- 34.0s" à Alesi. Le français, dont l'expérience commence à se faire sentir, ne se crispe pas, et continue dans la même allure. La Jordan remonte certes, mais n'a pas encore doublé la Ferrari ! Derrière, une lutte sévère oppose Gounon et Brabham, le français prend le dessus, mais le britannique est très énervé. A trois tours de la fin, Brabham profite de l'aspiration de la March pour montrer toute la cavalerie du moteur Hart. Seulement, le français est maintenant fou furieux, il ferme la porte à son adversaire, qui parvient tout de même à le déboîter. La March réaccélère de plus bel, et, finalement, tout se termine par une superbe sortie de route des deux voitures se défiant mutuellement sur leurs tenues de route. C'est fini pour cette bataille, mais tous les deux gardent une certaine agressivité à l'égard de l'autre. Néanmoins n'oublions pas la remontée du moteur Peugeot ! Oui, en même temps que la sortie de trajectoire des attardés, Irvine revient dans la roue d'Alesi, il ne reste que deux tours ! Coulthard passe Nakajima sous les yeux d'Alesi, lui même talonné par Irvine, en pleine manoeuvre d'intimidation. Le spectacle est tout chaud, ce sont des moments à apprécier tant ils ne sont pas si fréquents dans le sport !

Panis livre également une belle bataille face à la Williams de Damon Hill. Là encore, soulignons la maîtrise du français, qui contient le Vice champion du Monde depuis près d'une heure ! Maintenant, Alesi sort le grand jeu, le respect qu'il a su se donner toutes ces années auprès des autres pilotes lui sert, puisque le dépassement d'Hélary et de Comas se fait sans aucune difficulté. Il gagne pratiquement 1 seconde et demie sur son rival. Irvine prend un quatrième tour à Comas, mais le dépassement est véritablement limite. A l'issue de l'épreuve, il déclarera même que s'il avait été français, Comas l'aurait laissé passer et il aurait remporté son premier succès. Comas, interrogé à ce sujet, tente d'éviter toute polémique, mais chez Jordan on est véritablement mécontent. Toujours est-il que Jean Alesi remporte un nouveau succès, il remplacera un jour ou l'autre le rusé Alain Prost, qui reste toujours son ami. C'est donc, un superbe tir groupé à la française, 2 pilotes sur le podium, le troisième avec un moteur français, le Renault de Hill quatrième, Lagorce cinquième, la Ligier de Coulthard septième, Boullion dans sa roue, Comas et Hélary douzième et treizième... Quelle belle journée !

1. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts
2. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 2" 6 pts
3.
O.Panis Fra Ligier Mugen Honda à 32" 4 pts
4. D.Hill Gbr Williams Renault à 32" 3 pts
5. F.Lagorce Fra Venturi Peugeot à 1 tour 2 pts
6. N.Mansell Gbr Toyota à 1 tour 1 pt

Ceci mettant les trois pilotes de tête au Championnat du Monde à égalité aux nombres des victoires : 3. Ainsi, la fin du championnat opposera le français Jean Alesi au tenant du titre en personne Michael Schumacher...

1. M.Schumacher All Benetton Renault 57 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 50 pts 3v.
3. G.Berger Aut Ferrari 36 pts 3v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault 32 pts
5. M.Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v.
6. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
7. N.Mansell Gbr Toyota 19 pts 1v.
8. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes Benz 18 pts
9.
D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 16 pts
10. S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
Etc.

Cette nouvelle victoire de la Scuderia lui est très profitable puisque au Championnat des Constructeurs...

1. Scuderia Ferrari 89 pts 6v. 3 p.
2. Benetton Renault Elf 68 pts 3v. 2 p.
3. Williams Renault Elf 60 pts 2v. 2 p.
4. Toyota Formula One 54 pts 3v. 3 p.
5. Ligier Mugen Honda 27 pts 2 p.
6. McLaren Mercedes Benz 24 pts 2 p.
7. Jordan Peugeot 23 pts 2 p.
8. Sauber Ford Zetec 8 pts 1 p.
9. Larrousse Peugeot 4 pts 1 p.
et Venturi Team Peugeot 4 pts 1 p.
11. March Mazda 2 pts 1 p.
12. Tyrrell Yamaha 1 pt. 1 p.

Vingt et un pilotes ont marqué des points pour l'instant au cours de cette saison, c'est beaucoup, et même temps on peut dire que le niveau s'est donc effectivement resserré. Bref, beaucoup de suspens pour les deux derniers Grands Prix !

samedi 26 juillet 2008

Chapitre 14: Les jeunes Loups

Toute l'équipe Ferrari aurait pu se retrouver au devant d'un grand problème, trouver un remplaçant à Gerhard Berger. Mais les membres de la Scuderia savent tous que la marque à l'étalon à plus d'un tour dans son sac ! Nicola Larini, pilote essayeur sur le papier aurait pu faire l'affaire, mais son "grand âge" et son manque de notoriété dans la F1 ont conduit Jean Todt et Niki Lauda à opter pour une alternative beaucoup plus alléchante pour tout le monde. Le 20 septembre dans une conférence de presse au siège de Ferrari, on annonce la venue l'an prochain de Jacques Villeneuve, le fils de Gilles, ancien coureur de la Scuderia, malheureusement disparu. Plus qu'un nom, Jacques s'est fait un prénom en Indy Car. Alors qu'il aurait dû signer avec Benetton ou Ferrari cette saison, il a repoussé l'échéance tout en dominant largement le championnat nord-américain. C'est donc le pilote canadien qui renforcera l'écurie italienne pour le Grand Prix du Portugal. Chez Tyrrell, Pedro Lamy, le pilote portugais, courra également en remplacement succinct de Katayama. Du coté de chez Forti, là aussi on choisit la carte de la jeunesse en préférant Pedro Diniz à Alessandro Zanardi.

Le jeudi 23 septembre ont lieu les premières préqualifications écartant quatre pilotes pour le vendredi matin. Diniz fait de son mieux, mais la voiture est très difficile à piloter, la direction est raide, les suspensions un peu trop molles, et surtout l'habitude n'est pas là. Gachot et Belmondo ont à coeur d'améliorer leur contre performance de Monza. Les italiens Martini et Badoer de chez Minardi luttent férocement pour réaliser un bon temps, mais c'est dur pour tout le monde. Finalement, le pauvre Diniz termine dernier, juste derrière Belmondo et Moreno. Le dernier pilote menacé est Morbidelli, une fois n'est pas coutume. Le soleil est là, mais le vent balaye constamment la piste et déporte les bolides dans les virages. Toutes ces petites écuries ont du pain sur la planche, pour permettre à leurs pilotes de pouvoir participer à la course. Puis vendredi est enfin arrivé, tout le monde est autour du jeune Villeneuve, promu héros en particulier par la presse britannique qui apprécie son franc parler surtout dans la langue de Shakespeare. Mais de ce côté également, le travail est le seul fruit de la réussite.

Au cours de l'ultime séance de préqualification, ni Diniz, ni Belmondo ne sauvent leur place. Par contre, Alboretto et Verstappen victimes d'un accrochage mutuel s'auto-éliminent au bénéfice de Moreno et Morbidelli ! On peut alors attendre les qualifications avec beaucoup d'intérêt. Une heure, Mansell vient d'annoncer son retrait à la fin de la saison. C'est difficile de prendre une telle décision, surtout quand on s'appelle Nigel Mansell et qu'on a eu sa carrière ! Mais " il faut faire place aux jeunes " comme il le dit et d'ailleurs " ils sont excellents et très rapides " d'après le monument de la F1 que constitue le champion du Monde 1992. Au cours de la première séance officielle, on remarque beaucoup les deux français Panis et Lagorce, respectivement 9e et 11e, alors que Villeneuve ne réalise que le 10e temps. Le canadien avoue ne pas être très habitué à ce type de voiture, mais reste très optimiste quant à la suite. Hill, Schumacher et Brundle se partagent les trois premières places, devant Hakkinen, Mansell, Nakajima, Herbert et Alesi. En position de non qualifiés, on trouve Gachot, Morbidelli, Brabham et Martini. Mais il reste une séance dont tout le monde espère bien profiter.

Samedi, le 25 septembre, le vent est plus faible, quelques nuages couvrent le ciel, mais le soleil trouve toujours sa place dans les pays méditerranéens. Le matin, au cours des essais libres, Mansell et Schumacher rivalisent pour le meilleur temps, puis Hill coiffent ses deux concurrents. Les Ferrari restent étrangement en retrait, même si Villeneuve est 8e et devant Alesi. Chez Sauber, on remarque aussi une baisse des performances. Le tracé ne convient pas au Ford Zetec. Puis, après avoir légèrement déjeuné, les pilotes entament l'après-midi décisif. Treize heures retentissent, il faut s'élancer. Le premier à le faire est Salo, rapidement il améliore son temps de 6 dixièmes et passe en cinquième position. Mais il rétrograde par la suite finissant 15e. Dalmas, en petite forme, se console d'une moyenne quatorzième place sur la 7e ligne. En sixième ligne, les deux Sauber ont réussi à s'améliorer légèrement. Les rivalités et les batailles internes font que souvent les différentes lignes sont occupées par un pilote et son coéquipier dans l'écurie. Ce n'est pas le cas de la cinquième ligne : Nakajima (Toyota) et Blundell (McLaren), mais de la quatrième : Villeneuve devant Alesi. En troisième ligne, Panis et Mansell précèdent Hakkinen et Hill. En pole on trouve Schumacher suivi de Brundle. Ce qui fait le classement suivant : Schumacher, Brundle, Hakkinen, Hill, Panis, Mansell, Villeneuve, Alesi, Nakajima, Blundell, Frentzen, Lehto, Dalmas, Salo, Lagorce, Herbert,... Eliminés sont Gachot, Brabham, Badoer et Martini.

Dimanche, 26 septembre, jour de la compétition. Estoril est envahi par les spectateurs avides de spectacles et de spontanéité ! Les moteurs chauffent sur la ligne de départ, le warm-up n'a rien apporté en nouvelle donne, sauf une amélioration de Villeneuve (6e temps). Le départ est donné !
Schumacher part en trombe, Brundle, Hill et Hakkinen se dispute la seconde place. Villeneuve, au volant de la Ferrari n°28, a effectué un départ moyen, Alesi a réussi à le passer. Salo sort de la route dès le premier tour, poussé par Herbert. Ce dernier est d'ailleurs sanctionné par une pénalité de 10 secondes pour départ volé. Mansell casse son moteur dans le troisième tour. Hill abandonne au 4e tour, sa boîte de vitesse est bloquée en 2e. Irvine sort de la route et termine sa journée. Une série d'abandons impressionnante sanctionne de nombreuses voitures, épurant la course de six voitures, puisque Frentzen et Comas s'accrochent fatalement pour leurs voitures dans le 8e tour. Au bout de 10 tours, Schumacher est leader devant Hakkinen, Brundle et Panis. Dans le stand Ferrari, on est heureux de la performance de Villeneuve, il tourne à peine 2 dixièmes moins vite que son coéquipier. Les deux pilotes sont 5e et 6e, ils se suivent comme dans l'histoire de la Scuderia, comme Prost et Alesi l'avaient fait quelques années dans le passé.

Après les premiers changements de pneumatiques, la foule acclame Pedro Lamy, l'enfant du pays sur sa Tyrrell Yamaha, il possède actuellement la 11e place à la lutte avec Coulthard. Les moteurs Peugeot deviennent de plus en plus performants au cours de la course. Jean-Pierre Jabouille, tout à fait conscient de ce phénomène, a demandé à Rubens Barrichello (Jordan) et Franck Lagorce (Venturi) de n'effectuer qu'un seul arrêt. Les jeunes loups s'exécutent, puisque au 30e tour aucun des deux ne s'est arrêté. L'écart entre Schumacher et Hakkinen se stabilise autour de 3 secondes et demie. Le finlandais réalise une excellente deuxième partie de saison, alors que l'allemand voudrait de nouveau marquer des points. Alesi, toujours deuxième au classement général des pilotes, revient sur son prédécesseur, l'autre français : Olivier Panis (Ligier). Barrichello et Lagorce sont respectivement 6e et 7e, derrière Villeneuve qui a maintenant perdu Alesi de son train avant. Ce circuit n'est pas le plus facile pour débuter en Formule 1, ainsi la performance du jeune canadien est d'autant plus remarquable que quelques années plus tôt, Michael Andretti n'avait, en une petite dizaine de Grands Prix, pu se montrer autant à son aise.

Au 34e tour, Barrichello et Lagorce s'arrêtent, la piste est de plus en plus chaude et les deux pilotes commencent à perdre du terrain sur Villeneuve qui, lui, revient maintenant sur Alesi. Toujours en remontant l'ordre des voitures dans la course, Panis et Brundle semblent souffrir de mauvais trains de pneus. Bientôt, le britannique est contraint à l'abandon, victime d'une fuite d'huile et d'une voiture peu contrôlable. Puis arrivent les deuxièmes changements. Schumacher est le premier à arrêter sa voiture de course. Mais son arrêt dure, un des pneus se montre rebelle, 25 secondes de perdu ! Le champion du monde s'énerve, il y a de quoi : il vient de laisser passer Hakkinen, Brundle, Panis et les deux Ferrari. D'une manière sensiblement analogue, Panis passe Brundle, c'est donc un classement très surprenant qui sanctionne le 40e tour : 1.Hakkinen, 2.Panis, 3.Brundle, 4.Alesi, 5.Villeneuve, 6.Schumacher... Derrière, Lehto, Coulthard et Herbert viennent d'abandonner.

Il reste donc 21 tours au pilote de la Benetton pour revenir sur les deux Ferrari. Seulement, devant, il y a un obstacle de grande envergure, en l'occurrence : Jacques Villeneuve. Le canadien ne perd que 4 dixièmes par tour sur son poursuivant, et en gagne 2 sur son coéquipier qui lui ouvre la route. En tête de la course, Hakkinen, Panis et Brundle se sont regroupés, la lutte est serrée. La Williams, sensiblement plus rapide, ne parvient pourtant pas à doubler la Ligier. Au contraire, la pression sur ses épaules, Hakkinen, qui n'a jamais remporté le moindre Grand Prix, va commettre une légère erreur, un freinage trop tardif le fait s'écarter de la trajectoire du dernier virage avant la ligne droite. Le finlandais se fait passer par Panis puis Brundle. Un français occupe la première place du Grand Prix du Portugal, ce n'était pas arrivé depuis Alain Prost ! Panis a joué de malchance cette saison, il semble aujourd'hui en mesure d'amener la première victoire à Ligier depuis des lustres... Mais derrière Brundle se démène comme un fou, il veut passer son équipier de l'an passé...

Schumacher est dans la roue de Villeneuve, mais Jacques est soutenu par le public qui apprécie son style bagarreur. Le canadien lutte avec le meilleur moteur de Formule 1 existant. Soudain, chez Ferrari, on fait grise mine, Alesi s'arrête, son moteur a cassé, en même temps que celui de Moreno, le brésilien. En sixième place, Nakajima est talonné par Barrichello. Le brésilien est plus rapide, Toyota a d'ailleurs laissé sous-entendre qu'Estoril ne convient pas à la configuration en place chez les japonais. C'est ainsi que le jeune pilote Jordan passe la Toyota n°35. Dans les cinq derniers tours, une lutte extraordinaire oppose Villeneuve à Schumacher, le Grand Prix est très chaud. Les spécialistes sont rivés sur leurs écrans de contrôle. Tout le monde est d'accord pour dire qu'on assiste à l'un des plus beaux Grands Prix de l'histoire de la F1. Jacques Villeneuve se fait un prénom par cette lutte de génération, mais si Schumacher n'est pas très vieux. Le courage et l'audace de tous ces jeunes loups constituent également un ingrédient essentiel au fantastique show de toutes les courses automobiles. C'est ainsi Brundle qui remporte son second succès cette saison, lui étant le seul pilote expérimenté à gagner son duel contre les jeunes.

1. M.Brundle Gbr Williams Renault 10 pts (Estoril)
2. O.Panis Fra Ligier Mugen Honda à 2" 6 pts
3. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 5" 4 pts
4. J.Villeneuve Can Ferrari à 23" 3 pts
5. M.Schumacher All Benetton Renault à 23" 2 pts
6. R.Barrichello Bré Jordan Peugeot à 49" 1 pt

Au classement général, Schumacher ne perd pas la tête, il effectue une bonne opération pour la victoire finale :

1. M.Schumacher All Benetton Renault 53 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 34 pts 2v.
3. D.Hill Gbr Williams Renault 29 pts
4.
M.Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v.
5. G.Berger Aut Ferrari 26 pts 2v.
6. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
Etc.

Bonne opération pour Williams Renault Elf, qui place ses pilotes en 3e et 4e place et qui revient petit à petit au classement des Constructeurs :

1. Benetton Renault Elf 64 pts 3v.
2. Ferrari Spa 63 pts 4v.
3. Williams Renault Elf 57 pts 2v.
4. Toyota Formula One 53 pts 3v.
5. Ligier Mugen Honda 23 pts
6. McLaren Mercedes Benz 21 pts
Etc.

Le jeune Villeneuve a presque fait oublier son défunt père à travers cette excellente course d'Estoril. La saison prochaine, son talent pourra pleinement s'exprimer à la place de Berger en fin de contrat. Mais pour l'instant, l'autrichien n'a pas fini de se battre. Poursuivi par la malchance depuis sa victoire de Hockenheim, il effectue un retour victorieux devant son public de l'Oesterreichring. En effet, après une course dominée de la tête et des épaules par sa Ferrari, Berger remporte sa troisième victoire devant son coéquipier Jean Alesi, le podium étant complété par Schumacher, poleman malheureux puisque sanctionné pour un faux départ. Ce week-end du 3 octobre peut être qualifié de germanique, car Frentzen prend la quatrième place sur sa Sauber, les cinquièmes et sixièmes places revenant à Blundell et Hakkinen, avec leurs moteurs Mercedes.

1. G.Berger Aut Ferrari 10 pts (Oesterreichring)
2. J.Alesi Fra Ferrari à 5" 6 pts
3. M.Schumacher All Benetton Renault à 7" 4 pts
4. H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec à 1'09" 3 pts
5.
M.Blundell Gbr McLaren Mercedes à 1 tour 2 pts
6. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 1 tour 1 pt
7. A.De Cesaris Ita March Mazda à 1 tour
8. A.Zanardi Ita Forti Corse Cosworth à 2 tours
9. E.Helary Fra Larrousse Peugeot à 2 tours
10. J.M.Gounon Fra March Mazda à 3 tours

Ce qui donne de manière plutôt surprenante au classement du Championnat du Monde :

1. M.Schumacher All Benetton Renault 57 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 40 pts 2v.
3. G.Berger Aut Ferrari 36 pts 3v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault 29 pts
5. M.Brundle Gbr Williams Renault 28 pts 2v.
6. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
7.
N.Mansell Gbr Toyota 18 pts 1v.
8. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 18 pts
9. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 16 pts
10. S.Nakajima Jap Toyota 15 pts
11. J.Herbert Gbr Benetton Renault 11 pts
12. R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 10 pts
13. H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec 8 pts
14. O.Panis Fra Ligier Mugen Honda 7 pts
et E.Irvine Irl Jordan Peugeot 7 pts
16.
M.Blundell Gbr McLaren Mercedes 6 pts
17. E.Comas Fra Larrousse Peugeot 4 pts
18.
J.Villeneuve Can Ferrari 3 pts
19. F.Lagorce Fra Venturi Peugeot 2 pts
et A.De Cesaris Ita March Mazda 2 pts
21.
M.Salo Fin Tyrrell Yamaha 1 pt.

vendredi 25 juillet 2008

Chapitre 13: L'accident de Monza

Le soleil est radieux pour la course suivante qui a lieu a Monza. C'est le quartier général de la Scuderia, les fans sont présents par milliers. Il fait assez chaud, mais les gradins sont pleins pour ce nouveau rendez-vous, après une fantastique victoire de Jean Alesi en Belgique. Mais revenons un peu sur les événements précédents le départ. Vendredi, le 10 août, Gounon (March), Morbidelli (Arrows), Belmondo et Gachot (Pacific-Lotus) ne se sont pas préqualifiés. Aux essais chronométrés, c'est Alesi qui devançait Berger, Schumacher et Nakajima. Les six moteurs Peugeot étaient dans les quinze premières places pour la première fois de la saison. Finalement, samedi, les Ferrari concédaient légèrement du terrain au moteur Renault notamment, puisque Hill s'intercalait entre Alesi et Berger, ce dernier réussissant un superbe pole position en 1'23"800, record de la piste de 1994 battu. La grille de départ avait donc cette allure : 1.Berger, 2.Hill, 3.Alesi, 4.Mansell, 5.Schumacher, 6.Brundle, 7.Barrichello, 8.Lagorce, 9.Frentzen, 10.Herbert, 11.Comas, 12.Irvine, 13.Coulthard, 14.Dalmas, 15.Helary, 16.Panis, 17.De Cesaris, 18.Hakkinen, 19.Nakajima, 20.Salo, 21.Verstappen, 22.Alboretto, 23.Lehto, 24.Blundell, 25.Badoer et 26.Katayama.

Ce sont donc les malheureux Brabham, Zanardi, Moreno et Martini qui ne se qualifient pas pour le dimanche. Il est vrai que ça bouge dans le paddock, le Peugeot se modernise, le Toyota aussi, les châssis se modifient etc. Mais revenons à la course qui va être lancée dans quelques instants, avec pour principaux protagonistes les Ferrari, les Williams, les Benetton sans oublier les rivaux japonais de Toyota. Le vieux Mansell a d'ailleurs créé la surprise ce matin en réalisant le meilleur temps devant Alesi et Schumacher. Nigel étonnera toujours ! Mais déjà l'agitation se fait sentir sur la piste, tout le monde quitte les bolides pour enfin faire place au spectacle, si longtemps attendu par une foule toute rouge de soleil et de passion. Les voitures partent pour le tour de formation. La Tyrrell de Katayama ferme la marche, le pilote nippon a quelques problèmes cette année, en tout cas beaucoup plus que son équipier le finlandais Salo, pilote prometteur.

Les voitures se stabilisent devant la grille et les feux rouges, tout le monde est prêt, Vert ! La course est lancée avec un excellent départ de Schumacher et un moins bon de Hill. Dans l'accrochage de Dalmas et Helary, Nakajima, Salo et Verstappen ne peuvent éviter la chicane mobile constituée par les deux voitures françaises, la Larrousse et la Venturi. C'est l'accident, les cinq pilotes sont contraints à l'abandon, la course est stoppée et un nouveau départ sera donné. Nakajima et Salo s'en sortent avec quelques gros bleus, mais Helary avec une luxation de l'épaule. Dans l'ensemble tout le monde s'en tire bien au vu de l'état des voitures à l'issue du carambolage. La grille est donc reconstituée avec les 21 voitures restantes, et le départ est redonné. Cette fois encore, Berger confirme sa pole, devant Hill et Schumacher, Alesi, auteur d'un piètre départ, a du s'écarter derrière le pilote de la Toyota n°36, Mansell en l'occurrence, qui a forcé le passage. C'est parti pour 52 tours rapides, favorables aux Ferrari. Au bout de 4 tours, le classement est le suivant en tête de course : 1.Berger, 2.Hill, 3.Mansell, 4.Schumacher, 5.Brundle, 6.Alesi, 7.Lagorce, 8.Barrichello... Presque tout le monde a prévu 2 arrêts aux stands, car les pneumatiques souffrent avec la chaleur.

Petit à petit, Hill parvient à menacer Berger, tout comme Schumacher le fait avec Mansell. Alesi, dans les roues de la Williams de Brundle, est l'un des premiers à se rendre aux stands, où l'attendent Jean Todt et Niki Lauda assez mécontents du français. Il rejoint ainsi le britannique Herbert, arrêté depuis deux minutes et qui finit par abandonner. Le changement ne dure que 7"00 pour le français qui quitte les stands à toute allure. Il est maintenant treizième, mais seuls Frentzen (15e) et Hakkinen (17e) ont fait de même. La menace constituée par Hill en tête de la course pour le pilote de la Ferrari n°28 se concrétise par plusieurs attaques dans le 18e et le 19e tour. Puis le britannique rejoint les stands, quelques secondes plus en retrait Schumacher vient de passer Mansell, qui se rend lui aussi dans les boxes. La ronde des changements se termine au 22e tour, quand Schumacher ressort juste derrière Hill en troisième position. L'écart entre la voiture de Berger (1er) et celle de Schumacher (3e) est de 1"205, soit très peu. L'unique pilote ayant choisi de ne s'arrêter qu'une fois est Coulthard, qui pointe désormais en 4e position devant Mansell et Alesi. Ce dernier a laissé Brundle a plus de deux secondes grâce à sa stratégie.

Alboretto et Blundell abandonnent en même temps dans le 27e tour, la mi-course étant passée. Et, quelques secondes plus tard, Martini fait un écart dans la chicane et cale sa voiture en milieu de piste. Berger, qui essayait de lui prendre un tour, percute sa roue avant et tente de récupérer sa Ferrari. Mais en vain, le leader actuel est passé par Hill et Schumacher, qui ont vu la manoeuvre de l'autrichien. La Ferrari n°28 ne peut freiner correctement et part en dérapage dans l'herbe, puis dans le bac à sable. Elle finit sa course dans le mur de pneus, mais Berger est sonné. Il est aidé par des commissaires, mais il semble inerte. Pendant ce temps, la course continue. Alesi s'arrête pour la deuxième fois, le premier. Mansell en fait de même et aussi rapidement un tour plus tard. Les trois premiers sont encore Hill, Schumacher et Coulthard dans l'ordre, quand Berger revient à lui, plus ou moins indemne, mais dans un état second ne se rappelant plus de grand chose. Par précaution, il est emmené en ambulance. Ensuite, juste avant de s'arrêter, le Champion du Monde est victime d'une fuite d'huile trop importante pour pouvoir continuer. Coulthard est au stand.

Au 39e tour, après 1h10 de course, le passage de la ligne se fait dans cet ordre : 1.Hill, 2.Mansell (9"), 3.Coulthard (12"), 4.Alesi (14"), 5.Irvine (50"), 6.Brundle (1'07"), 7.Lagorce (1 t.), 8.Barrichello (1 t.)... Mais Brundle est contrait d'arrêter sa Williams quelques secondes plus tard, pour un problème identique à Schumacher. Frentzen (Sauber) et Panis (Ligier), dans sa roue, font une belle remontée, et l'allemand oblige Barrichello à l'erreur, la sortie dans le bac et l'immobilisation de la deuxième Jordan. Soudain, alors que la Williams n°5 prenait le large (13" d'avance), Hill est victime d'une crevaison et doit rentrer au stand une troisième fois. Il est extrêmement déçu, mais ne perd pas sa concentration pour essayer de rentrer dans la course avec le moins de temps perdu. Mansell est en tête du Grand Prix d'Italie ! Le vieux renard connaît bien le circuit pour avoir été pilote chez Ferrari pendant plusieurs années. Derrière, Coulthard fait la bonne opération et remonte au classement, mais la course n'est pas terminée. Damon Hill sort des boxes en quatrième position. Franck Williams est déçu, encore plus lorsqu'il constate que son ancien protégé, Coulthard, fait une super performance sur la Ligier Mugen n°25.

L'allemand Frentzen, dans un ultime rush, parvient à passer le français Lagorce, est s'empare d'un point précieux pour le capitale confiance. Lehto, lui, termine onzième, bons résultats chez Sauber. Le classement de la course est le suivant :

1. N.Mansell Gbr Toyota 10 pts (Monza)
2. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda à 6" 6 pts
3. J.Alesi Fra Ferrari à 7" 4 pts
4. D.Hill Gbr Williams Renault à 19" 3 pts
5. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 1 tour 2 pts
6. H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec à 1 tour 1 pt
7.
F.Lagorce Fra Venturi Peugeot à 1 tour
8. O.Panis Fra Ligier Mugen Honda à 1 tour
9. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 2 tours
10. A.De Cesaris Ita March Mazda à 2 tours
11. J.J.Lehto Fin Sauber Ford Zetec à 3 tours
12. E.Comas Fra Larrousse Peugeot à 3 tours
13. L.Badoer Ita Minardi Cosworth à 3 tours
14. U.Katayama Jap Tyrrell Yamaha à 4 tours

Au classement du Championnat du Monde, Ferrari fait une bonne affaire avec Jean Alesi, qui conforte sa deuxième place derrière Schumacher et son numéro 1 !

1. M.Schumacher All Benetton Renault Elf 51 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 34 pts 2v.
3. D.Hill Gbr Williams Renault Elf 29 pts
4. G.Berger Aut Ferrari 26 pts 2v.
5. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
6. N.Mansell Gbr Toyota 18 pts 1v.
et M.Brundle Gbr Williams Renault Elf 18 pts 1v.
Etc.

Mais rapidement, on apprend que Berger va mieux, mais qu'un léger traumatisme aurait été constaté en raison d'un choc à la tête. Le pilote autrichien n'est pas sûr de partir pour le Portugal. Et effectivement, il ne participe pas à la course d'Estoril, mais qui va le remplacer ?

mercredi 23 juillet 2008

Chapitre 12: Les retours de Spa

Les essais préqualificatifs de Spa ont déjà commencé depuis quelques minutes, quand les nouvelles Simtek s'élancent pleines de nouveaux espoirs et de belles ambitions. Equipées d'une évolution du Ford Cosworth et d'un superbe nouveau chassis de couleur rose et vert fluorescents, elles sont toujours conduites par Verstappen et Alboretto. Les Arrows Footwork semblent dominées la séance, mais Jos et Michele sont bien décidés à participer à cette nouvelle épreuve du Championnat du Monde. C'est un autre retour qu'occasionne l'événement belge du week-end puisque, chez March, Jean-Marc Gounon remplace définitivement Inoue, peu à l'aise en Formule 1. Le classement de la première épreuve chronométrée voit Morbidelli devancer Verstappen, Gachot, Brabham, Alboretto, Badoer, Martini, Moreno, Belmondo et Zanardi.

Chez Williams, on est très mécontent des résultats du Grand Prix à Hockenheim. La confiance était revenue après quelques places d'honneur, mais le manque de victoires se fait sentir, surtout au niveau du classement par points. Du côté de McLaren, le mécontentement est presque le même, les sponsors grognent et Ron Dennis ne sait plus quoi faire. Heureusement, le moteur attendu pour Hockenheim est arrivé et Hakkinen et Blundell sont impatients ! Les journées sont très agréables pendant ce mois d'août, quelques nuages voilent le soleil, un peu de vent aère le tout, et il ne fait pas trop chaud. Chez Benetton, on est très satisfait des derniers résultats. Le Champion du Monde en titre, Michaël Schumacher, court vers sa troisième courrone mondiale et son coéquipier complète le tableau des points de telle manière à donner la première place à Benetton au classement des Constructeurs.

Vendredi, 20 août. Le matin, Belmondo, Zanardi et Martini n'ont pu se qualifier. L'après-midi, les Williams et Benetton animent l'épreuve de qualification. Les Toyota, McLaren et Ferrari sont quelque peu en retrait, mais dans la course ! Le temps stagne au dessus de la Belgique, il ne pleut pas mais le soleil se cache derrière de nombreux nuages. Alain Prost, consultant pour TF1 et responsable pour Renault Sport, admire le duel à distance que se livre Hill et Schumacher, comme Senna et lui-même quelques années auparavant. Finalement, le britannique prend le dessus, Schumacher et Berger ne pouvant rien. Peut-être la pression venant, Schumacher se montrera plus nerveux à l'abord des prochaines épreuves.

Samedi, 21 août. Les essais libres montrent une bonne fiabilité pour le moteur Mercedes-Benz, qui prévoit d'ailleurs de rééquiper l'écurie Sauber pour la prochaine saison, tout en restant chez McLaren ! Pendant l'ultime épreuve de qualification, peu de surprises viennent troubler les habitudes de tous, Hill réalise 2 dixièmes de mieux que Schumacher, qui en réalise 4 de mieux que Berger. Mansell suit plus loin, avec Alesi, Hakkinen et Brundle. Nakajima et Herbert constituent les outsiders de ce Grand Prix, sans oublier Blundell, placé en embuscade. Les deux Jordan précèdent ensuite les deux Sauber et les deux Ligier. Derrière, Gachot se qualifie de manière assez surprenante, prenant ainsi le dessus sur Gounon, Badoer et Moreno, 3 pilotes plutôt compétitifs relativement à leurs écuries. Damon Hill se retrouve enfin à nouveau en pole position, Franck Williams attend un sursaut dans la course de la part de son pilote préféré. Mais Michael Schumacher reste confiant, malgré une sortie de route lors de cette dernière séance.

Dimanche, 22 août. Le soleil ne parvient toujours pas à percer le gris ciel de Belgique. Spa-Francorchamps connaît pourtant l'agitation habituelle des jours de Grand Prix. Ce village, pourtant calme le reste de l'année encore que..., vit un grand jour de Formule 1. Sur la première ligne, on trouve le Vice-Champion du Monde et le Champion en titre. Derrière eux, les jeunes et les moins jeunes se battent pour détrôner leurs maître d'une saison. Au Warm-up, Hill a encore fait le meilleur temps, devant Berger, Schumacher, Alesi et Herbert. Pour la première fois de la saison, Jos Verstappen participe à une épreuve du championnat. Des centaines de supporters néérlandais sont présents pour encourager le jeune pilote de la Simtek Lola numéro 11. Le départ est donné à 14h par le responsable attitré pour tous les Grand Prix de la Saison. On assiste aussi au retour de Max Mosley, démissionnaire de son poste de président mais toujours présent au sein du comité exécutif de la Fédération Internationale de Sport Automobile. Il est là en spéctateur après une retraite de 2 mois et demi. Mais déjà il est temps de lâcher les bolides...

Hill prend un excellent départ devant Schumacher, Alesi, Berger et Mansell. Le français a pris un fantastique départ non volé ! Ce qui n'est pas le cas de Damon Hill, qui dès le deuxième tour se voit rappelé au stand pour une pénalité de 10 secondes. Les commissaires ont jugé que son départ n'était pas conforme au règlement. L'ordinateur relié à chaque emplacement de la grille de départ a en fait révélé trois faux-départ, dont un jugé conforme au règlement concernant Olivier Panis. Ce nouveau règlement permet d'épargner les embrayages rebels, ainsi si une voiture avance de quelques centimètres avant son départ, elle peut rester en course par la suite et ne pas écoper de pénalité. Mais Hill et Barrichello ne sont pas dans ce cas. Le brésilien optempère dès le troisième tour, Hill attend le cinquième pour laisser sa première place à M.Schumacher. Un peu plus loin, Berger a passé Alesi et occupe la deuxième place. On déplore 5 abandons après le 6e tour : Frentzen (Sauber), Helary (Larrousse), Dalmas (Venturi), Alboretto (Simtek) et Salo (Tyrrell).

Une très belle lutte oppose le franco-belge Gachot et le hollandais Verstappen. La Simtek et la Pacific se doublent et se redoublent, mais aucune des deux ne peut distancer l'autre. Hill est maintenant cinquième et entame une remontée avec tout le courage d'un britannique. Sa lutte avec Mansell tourne court, puisque le vétéran est le premier a entré aux stands. Entre-temps, Berger sur sa Ferrari n°28 se fait distancer par la Benetton n°1. Mais au 16e tour, Schumacher rejoint à son tour les boxes et ressort à 3 secondes de Berger, qui a changé de tactique et ne prévoit qu'un seul arrêt, le plus tard possible. Verstappen quitte la piste et abandonne. Gachot passe sous les applaudissements du public. Après que tous les pilotes en dehors de Berger aient changé de pneumatiques, le classement est le suivant : 1.Berger, 2.Schumacher, 3.Alesi, 4.Hill, 5.Mansell, 6.Brundle, 7.Hakkinen, 8.Nakajima, 9.Blundell, 10.Coulthard, 11.Panis, 12.De Cesaris...

Le pilote de la Benetton n°2 est contraint à l'abandon sur une panne de sa boîte de vitesse. Les deux Jordan 13e et 14e montrent de grandes faiblesses par rapport à d'autres circuits. Le japonnais Nakajima s'accroche avec Hakkinen qu'il tente de dépasser, les deux voitures finissent dans le bac à sable. Impossible de repartir, Ron Dennis est furieux ! Mais devant, l'attention du public s'est fixée sur le duel entre la Ferrari de Berger et la Benetton de Schumacher. L'autrichien s'apprête à rejoindre la piste de décelération des stands dans le 20e tour, quand Schumacher, sans cesse à l'attaque, freine trop tard et le percute. Les deux voitures sont hors d'état, Berger est extrêmement en colère, mais Michael vient s'excuser, il est vrai que ce sont de bons amis. Les deux champions rejoignent les boxes à pied sous les acclamations de la foule en remerciement de l'excellent spectacle qui lui ont offert. Ainsi, après 25 tours et presque 1 heure de course, le nouveau classement donne : 1.Alesi, 2.Hill, 3.Mansell, 4.Brundle, 5.Blundell, 6.Coulthard, 7.Panis, 8.De Cesaris, 9.Barrichello, 10.Irvine, 11.Comas, 12.Morbidelli...

L'avignonais est en passe de remporter son deuxième succès de la saison, ce qui lui permettrait de revenir au classement. Cependant, le moteur Renault de la Williams n°5 lui prend 3 dixièmes en moyenne au tour. Il ne reste qu'une seconde d'écart après les seconds changements de pneumatiques. Derrière, c'est la même histoire entre Mansell et Brundle. Cinq Britanniques à l'assaut de Jean Alesi, quelle épreuve ! Mais le français et ses supporters sont en pleine forme, à cinq tour de l'arrivée, la Ferrari et la Williams font jeu égal. Le 7e est toujours le deuxième français, Panis ne marquera pas de points, une fois de plus. C'est ainsi qu'après avoir battu le record du tour en 1'55"999 dans le 43e tour, que le pilote de la Ferrari rescapée franchit le drapeau à damier en tête et marque 10 points. C'est toujours une joie extrême de remporter un Grand Prix surtout devant tant de fans de la Scuderia, qui n'attendent que cela !

1. J.Alesi Fra Ferrari 10 pts (Spa)
2. D.Hill Gbr Williams Renault à 3" 6 pts
3. N.Mansell Gbr Toyota à 36" 4 pts
4.
M.Brundle Gbr Williams Renault à 37" 3 pts
5. M.Blundell Gbr McLaren Mercedes à 1 tour 2 pts
6.
D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda à 1 tour 1 pt

Excellente opération pour le français, puisque :

1. M.Schumacher All Benetton Renault 51 pts 3v.
2. J.Alesi Fra Ferrari 30 pts 2v.
3. G.Berger Aut Ferrari 26 pts 2v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault 26 pts
5.
H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
6.
M.Brundle Gbr Williams Renault 18 pts 1v.
7. S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
8. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 13 pts
9.
J.Herbert Gbr Benetton Renault 11 pts
10.
D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 10 pts
Etc.

Et pour Ferrari, en tête au nombre de victoires...

1. Benetton Renault Elf 62 pts 3v.
2. Ferrari Spa 56 pts 4v.
3. Williams Renault Elf 44 pts 1v.
4. Toyota Formula One 43 pts 2v.
5. McLaren Mercedes Benz 17 pts
6. Ligier Mugen Honda 11 pts
Etc.

lundi 21 juillet 2008

Chapitre 11: Hockenheimring

En la fin de ce difficile mois de juillet, la température avoisine les 35°C tous les jours sur l'Europe Occidentale. Pas un nuage dans le ciel, on transpire sans rien faire, c'est un climat insupportable pour les pilotes. Le jeudi 29 juillet, après une semaine de tests intensifs, l'écurie Ferrari se trouve à Hockenheim, en Allemagne, avec un nouveau moteur près à faire sensation dans le milieu de la F1. Dans l'autre équipe engagée par un constructeur, Toyota Formula One, Mansell a été reconduit : "On ne change pas une équipe qui gagne !". La deuxième partie de saison s'annonce effectivement encore plus passionnante qu'on pouvait le penser. Certes Schumacher a pris le large au classement du Championnat du Monde, mais beaucoup de pilotes ont joué de malchance, comme Hill, Brundle ou Berger. D'autres n'ont pu assurer une certaine fiabilité, comme Nakajima ou Frentzen, ou d'autres encore ne font que commencer, n'est-ce pas Sir Mansell ? On apprend également que l'écurie Simtek pourrait faire sa réapparition bientôt.

La journée du jeudi a été relativement calme, sachant qu'en passe de se faire éliminer, les 2 Forti doivent absolument mettre le paquet le lendemain pour pouvoir se sauver. La même menace plane sur Paul Belmondo, qui remplace le pilote britannique Warwick en fin de contrat chez Pacific Lotus. Le vendredi 30 juillet, les tribunes sont pratiquement pleines pour la séance de préqualification. Rapidement, Moreno parvient à améliorer son temps, mais Zanardi ne lâchent pas le morceau. Martini, aussi à la limite, est victime d'une sortie de route et est condamné de regarder la suite des événements. Les Tyrrell sont sauvées, les Arrows Footwork tentent de s'isoler de la même manière, mais le Ford Cosworth n'est toujours pas à la hauteur. En fin de séance, le brésilien Moreno se qualifie, laissant Belmondo (Pacific), Zanardi (Forti) et Martini (Minardi) derrière lui. Mais la journée est encore longue et les 20 milles spectateurs du jour le savent bien. A 13h, sous un soleil brûlant la peau, les premières voitures s'élancent pour la première session qualificative au Grand Prix d'Allemagne. Aux essais libres, comme prévu, les Ferrari semblent en super forme. Alesi a devancé Schumacher, Berger, Brundle, Herbert, Hill et Frentzen. Les Toyota qui ont très peu tourné se contentent des 8e et 9e place devant les deux McLaren.

C'est justement Blundell qui prend la tête du classement dans les premiers tours. Il est dépossédé par Dalmas au bout de douze minutes. Enfin, Berger sort des box, il prend la première place. Mais Nakajima vient le battre, suivi de l'autre Toyota pilotée par Mansell. Au bout de 25 minutes, Mansell devance Schumacher, Berger et Alesi. Mais l'anglais a déjà épuisé son stock de tours et Alesi part à l'attaque : 1'43"585, excellent chrono du français ! Il n'est pas battu au cours de la séance, Schumacher parvient quand même à s'en approcher à 2 dixièmes. Tout le monde s'émerveille des grands résultats de la voiture italienne, mais pas John Barnard, qui avait fièrement annoncé la couleur. Le Ferrari F1-96b JB est une réussite. Le français et l'allemand occupent les deux premières places sur la grille fictive du moment, ils précèdent Mansell, Berger, Hill et Blundell. Le pilote japonais, Inoue, qui dispute son dernier Grand Prix, est en 26e position, devant Moreno, Gachot et Badoer.

Samedi, le 31 juillet, il fait 32°C pour les essais libres. Les Ferrari sont en tête, les Toyota, Williams et Benetton se partagent les six places suivantes, mais très proches des McLaren et même des Sauber. Dans les gradins sous le soleil, de nombreux malaises frappent les spectateurs, la température montent encore. Les spécialistes de la météo sont formels, l'anticyclone situé au dessus de l'Europe de l'Ouest n'est pas près de s'en aller. Dimanche devrait même voir un record de température établi. Il n'y a pas de vent, la pression est très élevé, on parle de 1030 hPa. Le GPDA, sigle pour Grand Prix Drivers Association, qui regroupent tous les pilotes de Grand Prix représentés par Niki Lauda et Gerhard Berger, propose de diminuer le nombre de tours de course de 45 tours à 40 tours. Une majorité de pilotes est d'accord, voyant qu'en seulement une séance, ils terminent épuisés. A 12h40 et 36°C à l'ombre, les organisateurs sont informés de la proposition du GPDA en les personnes de Niki Lauda, Gerhard Berger et Michael Schumacher. Vingt minutes plus tard, la séance de qualifications est entamée, sans qu'on sache ce que se mijote chez les responsables à ce sujet.

C'est ainsi que, par une température dépassant les 50°C au soleil, les professionnels s'élancent pour améliorer leurs performances de la veille. Rapidement, Hakkinen prend la tête à la surprise générale. Alesi et Schumacher réagissent, en ayant pour but les 1'43"495 du finlandais. Mais le moteur Mercedes, à domicile, se montre très compétitif. Blundell passe en quatrième position, alors que Hill ne fait pas un tour avant de rentrer. Berger bat Schumacher, Herbert ne parvient pas à améliorer. Ron Dennis exulte, enfin une nouvelle pole ? La course continue, et Frentzen vient placer sa Sauber en quatrième ligne. Puis Schumacher passe devant les stands en trombe, le verdict : 1'43"472 ! Hakkinen ne partira pas en pole, malgré un retour très offensif sur le circuit. Mansell termine la séance sans battre son temps, alors que Nakajima prend la sixième place sur la grille de départ. A l'ultime minute de la fin, Jean Alesi réalise l'exploit de la journée, malgré une chaleur indescriptible (40°C à l'ombre), il vient battre Schumacher sur le fil en 1'43"427 ! Quelle grille serrée ! Le classement final est donc le suivant : 1.Alesi, 2.Schumacher, 3.Hakkinen, 4.Hill, 5.Berger, 6.Nakajima, 7.Frentzen, 8.Brundle, 9.Mansell, 10.Blundell,... et éliminés : Badoer (Minardi), Inoue (March) et Brabham (Arrows).

Vers 15h, le directeur de course, qui avait envisagé de déplacer la course de 14h à 15h, annonce les mesures suivantes : La course sera lancée à 14h15 et durera 40 tours à moins qu'au bout d'1h30 on n'ait pas encore atteint cette limite, auquel cas le drapeau à damiers sera présenté, quel que soit le nombre de tour accompli. Les obligations des télévisions n'étant pas compatibles avec de plus amples changements, le GPDA accepte le programme sous réserve. Les mécaniciens ont une fois de plus beaucoup de travail au cours de la nuit, et ce pour éviter le pire à leurs pilotes. Ils se couchent vers 2 ou 3h du matin, pour se lever très tôt, aux alentours de 6h30.

Le 1er août est là, les tribunes sont pleines. La séance d'échauffement s'est terminée avec Schumacher en tête. Le public germaniques est survolté. On s'avance peut-être vers le troisième titre d'affilée de l'allemand. Mais les Ferrari redressent la tête, et Alesi et sa pole position sont prêts à venir contrecarrer les plans du Champion du Monde en titre. Il est 14h15, les voitures attendent le feu vert. La pression est d'autant plus forte qu'il fait très très lourd. Une température avoisinant les 35°C, fait couler beaucoup de sueur sous les casques des pilotes. C'est vert ! Les Ferrari, Benetton, McLaren et consorts s'arrachent de l'asphalte brûlant et collant sous les pneus. Tout le monde a prévu au moins deux changements ! Avant la première chicane, Mansell pointe en 5e position. Alesi est devant Schumacher mais l'allemand ne compte pas se faire distancer. Un gros accrochage en queue de grille voit les abandons successifs de Katayama (Tyrrell), Dalmas (Venturi), Morbidelli (Arrows) et Lehto (Sauber). Les spectateurs vibrent avec les moteurs !

Panis et Coulthard remontent eux aussi le classement : 14e et 16e au départ, ils sont 12e et 13e au bout du premier tour et 10e et 12e après le 4e. Le meilleur tour est rapidement détenu par Schumacher et sa Benetton n°1. Alesi et sa Ferrari se battent comme des jeunes loups, mais l'allemand est de plus en plus pressant, il démontre ainsi que les opérations de pression effectuée par Renault pour le garder étaient nécessaires en automne et en hiver. Berger, Hill et Hakkinen constituent le groupe de chasse à une huitaine de secondes déjà. Juste avant les premiers ravitaillements, Coulthard et Blundell sont victimes de problèmes électroniques et contraints à l'abandon. Berger passe Hakkinen et prend la troisième position, alors que le finlandais s'apprête à rentrer dans les stands. Les changements se font assez longs, et quelques modifications s'opèrent au classement, qui devient le suivant au bout de 35 minutes de course : 1.Alesi, 2.Schumacher, 3.Berger, 4.Hakkinen, 5.Hill, 6.Mansell, 7.Herbert, 8.Nakajima, 9.Brundle... ce dernier, victime d'une sortie de route en compagnie de Frentzen, abandonne avec l'allemand des Sauber. Au bout de 50 minutes de course et avant les deuxième changements de pneumatiques, après les arrêts définitifs de Gachot et Moreno, il reste 16 voitures sur le circuit.

Le soleil est implacable. Beaucoup de pilotes se demandent s'ils parviendront à accomplir encore 15 tours. Le vieux Mansell souffre au volant de sa Toyota et, au moment du changement de pneus, il sort de sa voiture et abandonne la tête basse en déclarant ne pouvant prendre plus de risques sous une telle chaleur. "J'ai des enfants, moi !" S'exclame-t-il aux journalistes britanniques. Comas et De Cesaris en font de même par la suite. Il reste maintenant 16 minutes à tenir, ou 9 tours à accomplir. Le meilleur tour de Schumacher n'a pas été battu, les pilotes se refusent de prendre trop de risques et Niki Lauda et d'accord avec la démarche convenu au comité exécutif du GPDA. Mais depuis quelques instants, il est difficile pour Niki de réfléchir ! Son compatriote Berger est en tête du Grand Prix. Tous les autrichiens qui ont passé les Alpes sont en délire. La Ferrari d'Alesi, dont le moteur a lâché lors du 31e tour, est garée dans la chicane avant l'entrée des box. Berger a bénéficié de la confusion des changements pour passer son ami Schumacher. Ils sont précédés de Hill, Hakkinen, Herbert et Nakajima. Mais les casses moteurs s'enchaînent les unes après les autres, les abandons se multiplient. Barrichello, puis Hakkinen en font les frais. Enfin, Hill est victime d'une erreur en voulant dépasser Helary, sa sortie est fatale. A 3 tours de la fin, les 9 voitures restantes se classent ainsi : 1.Berger, 2.Schumacher, 3.Herbert, 4.Nakajima, 5.Panis, 6.Irvine, 7.Salo, 8.Lagorce et 9.Helary.

Dans leurs combinaisons, les pilotes se déshydratent beaucoup, c'est pourquoi, depuis bien longtemps, un bidon d'eau est relié au casque par un tuyau élastique. Aujourd'hui, les bidons ont été bien souvent changés par des bidons frais lors des arrêts aux stands. Un dernier moteur casse dans l'avant dernier tour, c'est le Mugen Honda de Panis, qui n'était qu'à un tour des leaders. La chaleur de cet été voit donc une nouvelle victoire de Berger après celle d'Imola, et le nouveau moteur n'a pas démérité !

1. G.Berger Aut Ferrari 10 pts (Hockenheim)
2. M.Schumacher All Benetton Renault à 8" 6 pts
3. J.Herbert Gbr Benetton Renault à 41" 4 pts
4.
S.Nakajima Jap Toyota à 45" 3 pts
5. E.Irvine Irl Jordan Peugeot à 1 tour 2 pts
6. M.Salo Fin Tyrrell Yamaha à 2 tours 1 pt

Bon résultat pour Salo, qui marque son premier point en compétition. Au classement général, Schumacher n'est pas du tout freiné dans sa course, et les espoirs de voir certains de ses adversaires lui passer devant ont été vains, ici à Hockenheim.

1. M.Schumacher All Benetton Renault 51 pts 3v.
2. G.Berger Aut Ferrari 26 pts 2v.
3. H.Noda Jap Toyota 20 pts 1v. +
et J.Alesi Fra Ferrari 20 pts 1v.
5. D.Hill Gbr Williams Renault 20 pts
6.
M.Brundle Gbr Williams Renault 15 pts 1v.
et S.Nakajima Jap Toyota 15 pts 1v.
Etc.

Le titre devrait inéluctablement revenir à un des six pilotes que voilà (Noda ayant malheureusement disparu), mais Schumacher ne l'a pas encore perdu; la preuve : Le total de ses deux poursuivants est inférieur au sien en points.

dimanche 20 juillet 2008

Chapitre 10: Nigel for ever

La grande surprise de ce Grand Prix de Silverstone est le retour de l'équipe Toyota après la disparition tragique de Noda. Mais, l'effet le plus surprenant est produit par un autre grand retour. Nigel Mansell, le vétéran britannique, reprend le volant pour l'écurie Toyota Formula One, équipée d'un nouveau moteur, dont l'élaboration a pris à peine 10 semaines. De ses propres mots, l'anglais vient à Silverstone, et pour le reste de la saison, apporter son expérience aux Japonais. C'est en effet un renfort de choix qu'ont obtenu les dirigeants nippons, qui visent toujours plus officiellement le titre des Constructeurs. Simtek Lola ne donne à ce moment plus de nouvelles concernant une reprise d'essais quelconques de Formule 1.

C'est un temps mitigé qui accueille le passage du paddock sur les îles britanniques. Silverstone est un circuit pseudo-rapide, sur lequel les réglages moteurs et aérodynamiques sont très importants. Le fantastique succès d'Hill l'an passé est l'objet de toutes les évocations de souvenirs. Mais en ce milieu de saison, le champion du Monde Schumacher semble vraiment très difficile à battre à la régulière. Les Ferrari, condamnées à l'exploit pour gagner, attendent déjà avec ferveur le prochain rendez-vous à Hockenheim, où leur nouveau moteur fera son apparition. Selon John Barnard, Ferrari devrait gagner quelques courses avec la future élaboration du moteur actuel. Mais le retour d'une écurie à la compétition conduit les dirigeants responsables à mettre au point une nouvelle formule concernant la préqualification. En fait, on reprend ce qui a été choisi à Monaco, c'est-à-dire 3 non préqualifiés, puis 3 non qualifiés.

Dans le but d'éliminer trois voitures, on retrouve toutes les écuries n'ayant pas encore marqué de points ce jeudi à 14h. Tyrrell, Arrows Footwork, Pacific Lotus, Forti Corse et Minardi doivent en découdre pour participer au Grand Prix ce dimanche. Vite, les deux Forti semblent en difficultés. Moreno et Martini ont un mal fou à régler leurs bolides. Bertrand Gachot (Pacific) rejoint les deux malheureux pour former le trio de fin de classement de la première épreuve partielle chronométrée. Il fait un peu frais pour un 15 juillet en ce soir couvert, mais Nigel Mansell est comblée. Il peut à nouveau assouvir sa passion, belle revanche pour lui qui estime avoir été jeté l'année dernière comme un malpropre par Ron Dennis. Les responsables toyotistes lui font pleinement confiance et Nigel apprécie cela.

Vendredi matin, il pleut sur Silverstone. Les essais libres ont vu une très grande surprise : Mika Hakkinen en première position devant Schumacher, Mansell et Alesi. "Les fous furieux", comme les appelle René Arnoux, se sont montrés. Il est difficile de juger sous la pluie, mais il semble que le nouveau Toyota est au point. Hill et Brundle n'ont pu se mettre en évidence, mais ils comptent bien sur l'arrêt de la bruine pour atomiser tout le monde. 11h. Les 10 voitures dans la course aux préqualifications tentent d'améliorer leurs résultats. Mais l'eau empêche tout changement dans le classement et Moreno, Martini et Gachot sont éliminés. La pluie cesse de tomber vers midi. Le soleil se fait encore discret. Mansell est très entouré, les journalistes l'assaillent et le soir arrivé, il se couche avec bonheur. Mais tout d'abord, le gros de la journée : les qualifications. Schumacher, en tête au championnat, met le paquet d'entrée : 1'25"633. Les Jordan, Venturi et les Larrousse ne rivalisent pas avec le Champion du Monde : Entre 1'26"879 (Irvine) et 1'29"708 (Dalmas). La mécanique Peugeot est moins à son aise en Angleterre qu'en France. Le premier tiers temps est atteint. Schumacher est suivi par Hill (1'25"996) et Hakkinen (1'26"111). Le pilote finlandais surprend encore une fois, mais son talent n'a pas toujours été jugé au bon niveau. Ron Dennis resplendit, l'horizon d'une place sur la deuxième ligne avait disparu avec le départ de Senna en 94 pour Williams et le moteur Renault.

Dans la deuxième partie de cette séance, Mansell accomplit 5 tours exceptionnels et ravit la quatrième place à Herbert en 1'26"759. Les deux Ferrari ne brillent pas : 1'27"255 pour Berger (7e) et 1'27"827 pour Alesi (10e). Mais ce n'est pas fini, et Nakajima vient en trouble-fête : 1'27"248. Les Sauber, en retrait, ne font que plus de 1'28, les Ligier leur passent devant (1'27"903 pour Panis et 1'28"410 pour Coulthard). En fin de séance, la Benetton n°1 réalise 1'25"204. Mais Mansell est de plus en plus fort et améliore son temps d'une demi-seconde. Le britannique est survolté. Il se livre même à un duel d'anthologie avec le français Alesi, le tout sur une piste presque sèche. La Ferrari n°27 fait 1'27"004 et la Toyota 1'26"601. Après tant de chiffres, Mansell a droit à une pluie d'interviews, le soir il est épuisé mais fier de lui. Le lendemain, on publie même : "Je serai Champion du Monde !" dans les gazettes d'outre-Manche.

Samedi, il fait très beau sur Silverstone. Les essais libres sont l'objet d'une nouvelle surprise. Hill domine Nakajima pour seulement 3 millièmes ! Mansell croule sous les ennuis : la boîte de vitesse, la transmission, les suspensions, les ailerons et les pneus lui créent une avalanche de problèmes. Il fait pourtant le 7e temps dépassant les deux Ferrari d'une courte tête. L'après-midi arrive, il est 14h, c'est parti pour la dernière séance. Hakkinen taquine le chrono de Schumacher : 1'25"619, mais Brundle s'intercale : 1'25"520. Blundell confirme la forme du Mercedes Benz : 1'25"932. Mais Schumacher ne s'en laisse pas compter : 1'24"971. Hill réplique : 1'25"144, puis Mansell : 1'26"001, puis Berger 1'26"755. Hakkinen poursuit son effort : 1'25"404. Alesi, très concentré déçoit Niki Lauda : 1'26"968, mais Berger perfectionne : 1'26"613. Et, Mansell sentant la chance tourner de son côté, rabaisse ses ailerons, laisse un minimum d'essence dans son réservoir et pénètre son baquet avec l'extrême conviction qu'il va réaliser un exploit. Nigel se transcende et égalise Hill en 1'25"144. Herbert époustouflé ne fait que 1'26"483. A l'issue de la séance le tableau de marque indique :

1. 1 Schumacher Benetton 1'24"971 11
2. 5 Hill Williams 1'25"144 +0.173 11
& 36 Mansell Toyota 1'25"144 +0.173 12
4. 8 Hakkinen McLaren 1'25"404 +0.433 10
5. 6 Brundle Williams 1'25"520 +0.549 10
6. 7 Blundell McLaren 1'25"932 +0.961 9
7. 35 Nakajima Toyota 1'25"988 +1.017 11
8. 25 Coulthard Ligier 1'26"003 +1.032 12
9. 2 Herbert Benetton 1'26"483 +1.512 10
10. 28 Berger Ferrari 1'26"613 +1.642 12
11. 14 Irvine Jordan 1'26"879 +1.908 8
12. 27 Alesi Ferrari 1'26"968 +1.997 11
Etc.

La déception chez Ferrari est aussi énorme que la joie chez Toyota. Néanmoins, les sourcils se froncent quand on apprend que Mansell ne partira qu'en deuxième ligne pour avoir effectué douze tours, alors que Damon Hill, son compatriote, n'en a fait qu'onze. Ce point particulier du règlement n'apparaît pas souvent, mais on l'a déjà utilisé pour départager des pilotes placés plus loin sur la grille. Cependant, le fait qu'une Toyota égale la performance d'une Williams sur un circuit favorable à l'écurie anglaise est révélateur d'un important potentiel. Les malheureux champions qui ne participeront pas au Grand Prix sont : Katayama (1'29"990), Warwick (1'30"618) et Lehto (1'30"626).

Dimanche matin, l'échauffement révèle quelques problèmes chez Williams et Benetton. Du coup, Mansell et Nakajima prennent la tête de la séance. Les Ferrari continuent à décevoir, ce qui fait dire à Jean Alesi : "Vivement l'Allemagne !". Hakkinen ne prend qu'une médiocre 10e place, mais cette séance n'est pas primordiale du point de vue des résultats purs. L'étonnant et détonant De Cesaris le prouve avec une belle 8e place. Ainsi, l'idole quadragénaire des britanniques va entamer sa saison dans les meilleures conditions, avec un puissant groupe japonais derrière lui. Chez Jordan, on est inquiet de l'instabilité des résultats. Eddie Jordan souhaiterait que Barrichello explose littéralement et se libère enfin. Irvine, lui, est un fougueux garçon, qui a parfois du mal à se contenir. Le moteur Peugeot souffre clairemant ici, et Jabouille le reconnaît mais insiste sur le fait que le moteur sera meilleur sur des circuits plus typés.

Dimanche 14h, le départ est donné. Pour une fois, Damon Hill passe devant Schumacher. Mansell et Hakkinen se calent dans leurs roues. Comas rate son départ, Helary, son coéquipier, ne peut l'éviter. Les deux voitures sont hors course et rapidement rejointes par Salo, victime d'une sortie de route fatale. Les yeux de tous les spectateurs sont rivés sur la Toyota n°36 de Nigel Mansell. L'enfant du pays est en quatrième position derrière Hakkinen et devant Nakajima, également auteur d'un bon départ. Au fil des tours, les deux pilotes de tête creusent le trou. Hakkinen, Mansell et Nakajima forment le groupe de chasse. Le gros du peloton contient, dans l'ordre, Brundle, Coulthard, Blundell, Berger, Herbert, Irvine, Frentzen, Alesi, De Cesaris, Lagorce et Barrichello. Les autres pilotes se voient très vite prendre des tours de retard. Au septième tour, Schumacher passe en 1'27"996. Ce temps n'est détrôné que dans le 20e tour par Jean Alesi, dans un retour effreiné vers les positions de tête. Malheureusement, il s'arrête quelques minutes avant l'heure de course pour une panne electronique.

A l'heure de course justement, le classement a subi quelques changements : 1.Hill, 2.Schumacher, 3.Mansell, 4.Hakkinen, 5.Nakajima, 6.Brundle, 7.Blundell, 8.Berger... Le temps est au beau fixe et les supporters britanniques sont déchaînés, 4 anglais figurent dans les sept premières places ! Mais Schumacher se fait de plus en plus pressant derrière Hill, il bat consécutivement le record du tour, après son changement de pneumatique. Il bat de ce fait le record absolu du circuit dans sa quatrième amélioration : 1'26"962. C'est à ce même moment que Brundle et Blundell s'accrochent en dépassant un attardé : ils terminent tous les deux leur course. Le même sort concerne l'attardé en question, puisqu'Inoue perd son aileron arrière et sort de la route alors que sa vitesse avoisinne les 300 km/h. En tête de la course, le moteur Renault réagit toujours en maître devant le Toyota qui tourne en moyenne en 1'28"3. La Ferrari n°28 de Berger, en sixième position et qui a bénéficié d'un bon travail des mécaniciens italiens, tourne maintenant en 1'28"6. Ensuite, vers le quarantième tour, une hécatombe sanctionne le moteur Peugeot, seul Irvine y résiste. En effet, Dalmas, Lagorce et Barrichello abandonnent suite à diverses pannes de transmission et de moteur.

A 15 tours de la fin, la Williams n°5 de Damon Hill ne compte qu'une seconde d'avance sur Schumacher, qui revient fort. Suivent Mansell, Hakkinen, Nakajima et Berger, respectivement à 13, 14, 29 et 45 secondes du leader. Les spécialistes sont très étonnés de la forme physique de Mansell qui, malgré son âge et son manque de compétition, tient la route. Puis, ce qui devait arriver arrive et... Schumacher double Hill. Ce dernier tente bien de réagir, mais rien n'y fait, l'allemand est en super-forme ! La chaleur devient pesante, Pier Luigi Martini gare sa voiture dans les box et sort ne pouvant plus soutenir le combat physique. Quelle décision courageuse, surtout lorsque l'on connaît la situation préoccupante de l'écurie Minardi, qui doit à chaque fois se dépétrer des préqualifications. Mais le jeune Luca Badoer remonte le classement petit à petit. S'étant élancé de l'avant dernière ligne, il a vite pointé en 17e position. Après les ravitaillements, le jeune loup s'est retrouvé 15e à 1 tour, mais dans la roue de Mansell, ce qui lui à permis de gagner quelques dixièmes précieux. Car le vieux Mansell roule toujours aussi bien. Il manie la Toyota comme il jouait de la Williams, lorsqu'il fut Champion du Monde en 1992. En fin de course, rien n'entrave sa forme. La sensation apparaît même dans le 54e tour, alors que les réservoirs libèrent quelques kilogrammes, Mansell bat le record du tour pour 1 centième en 1'26"951 ! Les cris de joies sont presque perceptibles sous le vacarme des moteurs rugissants.

Le vieux Nige' réduit son écart à 10 secondes, mais Schumacher a course gagnée. Le pauvre Panis abandonne à 6 tours de la fin, alors que sa boîte de vitesse est bloquée en 3e. Pour leur retour, les rouges et blancs (Toyota), placent leurs deux voitures dans les points et de quelle manière ! Alors qu'en début de saison, le moteur nippon s'essouflait en fin de course, il semble revigoré dans les derniers tours de Silverstone. C'est encore l'hymne allemand qui est joué sur le circuit britannique !

1. M.Schumacher All Benetton Renault 10 pts
2. D.Hill Gbr Williams Renault à 5" 6 pts
3. N.Mansell Gbr Toyota à 11" 4 pts
4.
M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes à 15" 3 pts
5. S.Nakajima Jap Toyota à 39" 2 pts
6. G.Berger Aut Ferrari à 1'10" 1 pt

Herbert rate d'une demi seconde son entrée dans les points, c'est effectivement l'écart qui le sépare de Berger. Au classement général, Schumacher se dirige vers son troisième titre consécutif :

1. M.Schumacher All Benetton Renault Elf 45 pts 3v.
2. H.Noda Jap Toyota Formula One 20 pts 1v. +
et J.Alesi Fra Ferrari Spa 20 pts 1v.
4. D.Hill Gbr Williams Renault Elf 20 pts
5. G.Berger Aut Ferrari Spa 16 pts 1v.
6. M.Brundle Gbr Williams Renault Elf 15 pts 1v.
7. M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes Benz 13 pts
8. S.Nakajima Jap Toyota Formula One 12 pts 1v.
9. D.Coulthard Gbr Ligier Mugen Honda 9 pts
et R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 9 pts

Benetton va vers son second titre d'affilée, emmenant Renault vers son cinquième titre des Constructeurs/Motoristes :

1. Benetton Renault Elf 52 pts 3v.
2. Ferrari Spa 36 pts 2v.
et Toyota Formula One 36 pts 2v.
4. Williams Renault Elf 35 pts 1v.
5. McLaren Mercedes Benz 15 pts
6. Jordan Peugeot 12 pts
7. Ligier Mugen Honda 10 pts
8.
Larrousse Peugeot 4 pts
et Sauber Ford Zetec 4 pts
10.
March Mazda 2 pts
et Venturi Team Peugeot 2 pts