Un roman sportif maintenant complet de 42 pages en 18 chapitres, écrit en 3 parties, entre le 18/06 et le 01/11/1995.

mardi 8 juillet 2008

Chapitre 5: Les kamikazes

Le jour tant attendu dans la petite République de San Marino est arrivé, nous sommes le dimanche 2 mai. Il est 13h55, la foule est présente pour l'événement annuel. Le soleil se cache derrière quelques nuages, mais la météorologie officielle est formelle, il ne pleuvra pas pendant la course. Les fans de la Scuderia sont survoltés, leurs idoles occupent la première ligne. Personne n'ose compter le nombre d'années passées depuis la dernière fois que cela s'est passé ! La grille se présente sous la configuration suivante : 1.Berger, 2.Alesi, 3.Schumacher, 4.Noda, 5.Herbert, 6.Hill, 7.Nakajima, 8.Irvine, 9.Hakkinen, 10.Coulthard, 11.Blundell, 12.Brundle, 13.Panis, 14.Frentzen, 15.Salo, 16.Barrichello, 17.Dalmas, 18.Lagorce, 19.Comas, 20.De Cesaris, 21.Katayama, 22.Morbidelli, 23.Lehto, 24.Badoer, 25.Alboretto, 26.Inoue.

Le starter est prêt, la foule retient son souffle. Les moteurs tournent encore à bas régime quand le panneau des trente secondes est montré. La tension est toujours aussi importante après trois Grand Prix cette année. En fait, cette pression est et restera toujours la même. C'est le stress des sportifs avant l'épreuve, la motivation y trouve toute sa légende. Les feux rouges s'allument. Le haut régime de la mécanique réjouit intensément tout ce monde de fanatiques. Les managers scrutent leurs protégés, les organisateurs surveillent le moindre faux gestes de chacun. Les yeux de tous sont fixés sur nos héros, ne cherchons plus l'origine de la pression ! Les quelques dixièmes de secondes paraissent longs, mais si forts que l'on se sent plus fort encore. Les drapeaux sont pliés, les bouches fermées, les yeux rivés. Et la course est lancée...

Alesi et Schumacher passent Berger dans cet ordre, Nakajima passe Hill, mais en fond de grille un immense carambolage immobilise sept voitures. A la cause de cette effroyable sanction se trouve le pilote japonais Ukyo Katayama, surnommé le kamikaze. Auteur d'un départ bien moyen, il va empêcher le passage de Lehto, ce dernier s'écrasant contre le mur après un tête-à-queue, puis tenter le dépassement de Morbidelli à l'extérieur de la trajectoire, mordant sur le bas-côté et emmenant dans son dérapage le malheureux Badoer. De Cesaris ayant été percuté par Lehto, entrera à son tour en collision avec Lagorce et Barrichello. La dernière victime de l'accident est Inoue, qui, fonçant derrière tout le monde, encastre sa voiture dans celle de Morbidelli. Seul à pouvoir repartir avec sa voiture, le jeune italien de Minardi, Luca Badoer, s'en tire bien. Barrichello, Lagorce et Katayama sont indemnes et repartent avec leur mulet. De Cesaris devra abandonner, victime de plusieurs blessures aux jambes. Morbidelli et Inoue sont un plus tard emportés par l'hélicoptère des secours intensifs, et on apprendra que quelques heures après le départ qu'ils étaient sauvés.

Evidemment, un nouveau départ est donné avec seulement 23 voitures. Maintenant Berger conserve sa première place, mais Noda vient se fixe en deuxième position, devant Alesi et Schumacher. Nakajima reprend le meilleur sur Hill, mais seulement lors du freinage. L'accident de début de course est déjà oublié, quand Berger lutte avec son dauphin nippon. L'autrichien pilote son bolide de manière exemplaire, mais Noda dispose d'une mécanique affûtée à l'extrême. Les spécialistes sont d'accord sur le fait que Toyota dispose de voitures extraordinaires parfois à la limite du règlement, mais on n'a pas pu démontrer davantage. Ainsi, Noda est dans la roue de Berger jusqu'au moment où on lui indique, au 7e tour, qu'il a volé le départ. Il est contraint de s'arrêter pour une pénalité de 10 secondes. La télévision italienne remontre à son tour le départ et il est difficile de dire que la Toyota n°36 est partie en avance sur ses concurrents. Par contre, il s'avère que Brundle a volé son départ, il est sanctionné un peu plus tard.
14h30. Les responsables nippons ont porté réclamation sur le faux départ attribué à Noda. Mais en vain. Berger et Alesi pointent en tête, lorsque les premières voitures rentrent aux stands. Durant une douzaine de minutes, les 22 voitures de la course (Lagorce s'étant arrêté pour voiture inconduisible) passent par les box. Le changement est favorable aux Benetton, puisque Schumacher prend la deuxième place à Alesi et Herbert repasse Hill. Noda est maintenant 4e et Nakajima talonne Hill. La Toyota n°35 bat alors sur deux tours de suite le record du tour, on approche de la performance de Schumacher d'il y a deux ans (1'24"438). Satoru est en pleine forme, il va passer Hill, puis revenir sur Herbert. C'est à l'approche du britannique que, sur le nouveau tracé, la Toyota de Nakajima bat le record de la piste en 1'24"433. Quel fabuleux exploit ! Le pilote est déchaîné et emporté dans son élan, il va percuter Herbert et sortir les deux voitures. Nakajima abandonne mais de quelle manière ! Frentzen casse son moteur, Brundle est victime de fuites d'huile, Katayama sort de la route et Panis s'accroche avec Badoer, tous ces courageux doivent quitter le circuit Enzo Ferrari avec des regrets.

A 18 tours de la fin, Schumacher passe Alesi, les supporters français et italiens font grise mine. Mais Alesi n'est pas au bout de ses peines. En effet, il est passé quatre tours plus tard par Noda, dont les performances sont remarquables. A l'issue de la deuxième série d'arrêts, le classement est le suivant : 1.Berger, 2.Schumacher, 3.Noda, 4.Alesi, 5.Hill, 6.Irvine, 7.Blundell... Chez Ferrari, on s'apprête à accueillir une victoire historique depuis longtemps. Dans le camps toyotiste, on y croit encore. Mais Schumacher compte encore 11" d'avance et le japonais ne prend que 6 dixièmes à chaque tour. A 7 tours de la fin, les deux voitures font même jeu égal, l'écart est de 6" et le Champion du Monde ne sera pas rattrapé. La voiture la plus rapide du moment étant celle d'Irvine en 1'25"7, malheureusement ce dernier tombe en panne et abandonne, suivi de Hakkinen sur coupure du moteur.
Par la suite, la voiture d'Alboretto, placée en 11e position sera disqualifiée, pour manoeuvre illicite dans les stands. Le désespoir remplissait le coeur des employés de Simtek, quel avenir pour cette malheureuse équipe ? Et c'est dans l'impatience des résultats des analyses concernant Inoue et Morbidelli que, les responsables suivent leurs pilotes accomplir les derniers tours. Conclusion excellente pour Ferrari qui remporte sa première victoire de la saison, alors que Berger n'avait emporté aucune compétition depuis presque deux ans.

1. G.Berger Aut Ferrari 10 pts
2.
M.Schumacher All Benetton Renault à 13" 6 pts
3.
H.Noda Jap Toyota à 21" 4 pts
4.
J.Alesi Fra Ferrari à 1'01" 3 pts
5.
D.Hill Gbr Williams Renault à 1'04" 2 pts
6. M.Blundell Gbr McLaren Mercedes à 1 tour 1 pt

Ce qui faisait au classement général des constructeurs pour la plus grande joie des tifosi :

1. Ferrari Spa 21 pts 1v.
2. Toyota Formula One 20 pts 1v.
3. Williams Renault 14 pts 1v.
4. Benetton Renault 9 pts
5.
Jordan Peugeot 6 pts
6.
McLaren Mercedes 5 pts
7.
Sauber Ford Zetec 2 pts
8. Ligier Mugen Honda 1 pt

Et au classement général du Championnat du Monde des pilotes pour la plus grande joie de Niki Lauda :

1. G.Berger Aut Ferrari 14 pts 1v.
2. M.Brundle Gbr Williams Renault 10 pts 1v.
et S.Nakajima Jap Toyota 10 pts 1v.
4. H.Noda Jap Toyota 10 pts
5.
M.Schumacher All Benetton Renault 9 pts
6.
J.Alesi Fra Ferrari 7 pts
7.
R.Barrichello Bré Jordan Peugeot 6 pts
8.
D.Hill Gbr Williams Renault 4 pts
9.
M.Hakkinen Fin McLaren Mercedes 3 pts
10.
H.H.Frentzen All Sauber Ford Zetec 2 pts
et M.Blundell Gbr McLaren Mercedes 2 pts
12.
O.Panis Fra Ligier Mugen Honda 1 pt

C'est donc une fête indescriptible qui eu lieu à Imola ce soir-là, la Scuderia occupait le haut du classement à tous les niveaux. On n'oubliait par la même occasion, que De Cesaris, Morbidelli et Inoue ne pourraient participer au Grand Prix suivant à Jerez. Ils auraint tous les trois été remplacés par le pilote essayeur des teams correspondants, seulement March était touchée à double titre et on ne savait encore qui allait venir complété le lot. Jean-Marc Gounon aurait donc sa chance et Ivan Capelli pour Arrows. Mais en plus de cela, des rumeurs concernant un retrait éventuel de l'écurie Simtek Lola courraient bien que les britanniques et notamment MTV encouragent l'affaire de Nick Wirth.

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